(Critique des deux discours de Socrate)
crítica de los dos discursos de Sócrates.
Sôkratès - Tode toinun autothen labômen, hôs apo tou psegein pros
to epainein eschen ho logos metabènai.
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Socrate - Eh bien tâchons de comprendre à présent ceci :
comment le discours est arrivé à passer de blâmer à louer.
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Sócrates- Y bien tratemos de comprender por el
mometno, esto : ¿cómo ha pasado el discurso de censurar a alabar.
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Phaidros - Pôs dè oun auto legeis;
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Phèdre - En effet, comment donc expliques-tu ça ?
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Fedro - En efecto, ¿cómo lo explicas entonces?
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Sôkratès - Emoi men phainetai ta men alla tôi onti paidiai
pepaisthai· toutôn de tinôn ek tuchès rhèthentôn duoin eidoin, [265d] ei autoin
tèn dunamin technèi labein dunaito tis, ouk achari.
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Socrate - Il me semble bien que dans l'ensemble, c'était
vraiment de l'enfantillage, mais que, de certaines de ces [paroles] qui ont été dites au
hasard, de deux idées, [265d] si l'on pouvait, par quelque
moyen, en saisir le pouvoir, [ce
ne serait] pas sans
charme. ([1]3)
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Socrate –Me parece que en general, era
realmente chiquillada, pero que, de algunas de esas [palabras] que se dijeron al azar,
sobre dos ideas, [265d] si pudiéramos por algún medio entender
el poder, [no sería] sin encanto. ([2]3)
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Phaidros - Tinôn dè;
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Phèdre - Desquelles, alors ?
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Fedro - ¿Cuáles, entonces?
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Sôkratès - Eis mian te idean sunorônta agein ta pollachèi
diesparmena, hina hekaston horizomenos dèlon poièi peri hou an aei didaskein
ethelèi. Hôsper ta nundè peri Erôtos—ho estin horisthen—eit' eu eite kakôs
elechthè, to goun saphes kai to auto hautôi homologoumenon dia tauta eschen
eipein ho logos.
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Socrate - Vers une unique idée, prenant une vue d’ensemble,
mener les [***] ([3]4) de multiples manières
disséminés, pour qu'en délimitant ([4]5) chacun, on rende
manifeste sur lequel on souhaite à chaque fois instruire. Comme tout à
l’heure à propos d'Eros : ce que c'est ayant été délimité, bien ou mal
dit, du moins notre discours a-t-il pu par ces[procédés] parvenir à dire la clarté
et l’accord avec soi-même.
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Sócrates – Hacia una unica idea, tomando una
vista de conjunto, llevar las [***] ([5]4) de múltiples maneras diseminadas, porque
delimitando ([6]5) cada una, se torna manifiesto sobre lo que se
desea cada vez instruir. Como hace poco a propósito de Eros : lo que es
habiendo sido delimitado, bien o mal dicho, al menos nuestro discurso pudo
por este [procedimiento] llegar a decir la claridad y el acuerdo consigo
mismo.
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Phaidros - To d' heteron dè eidos ti legeis, ô
Sôkrates;
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Phèdre - Mais à présent l'autre idée, que dis-tu que c'est,
Socrate ?
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Fedro - ¿Pero ahora la otra idea qué dices tú
que es, Sócrates?
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[265e] Sôkratès - To
palin kat' eidè dunasthai diatemnein kat' arthra hèi pephuken, kai mè
epicheirein katagnunai meros mèden, kakou mageirou tropôi chrômenon· all'
hôsper arti tô logô to men aphron tès dianoias hen ti koinèi eidos elabetèn,
hôsper [266a] de sômatos ex henos dipla kai
homônuma pephuke, skaia, ta de dexia klèthenta, outô kai to tès paranoias hôs
<hen> en hèmin pephukos eidos hègèsamenô tô logô, ho men to ep'
aristera temnomenos meros, palin touto temnôn ouk epanèken prin en autois
epheurôn onomazomenon skaion tina erôta eloidorèsen mal' en dikèi, ho d' eis
ta en dexiai tès manias agagôn hèmas, homônumon men ekeinôi, theion d' au
tina erôta epheurôn kai[266b] proteinamenos
epèinesen hôs megistôn aition hèmin agathôn.
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[265e] Socrate - Le [fait de] pouvoir, à l’inverse,
découper selon l’espèce en respectant les articulations naturelles, et en
prenant soin de n’en déchirer aucune partie, comme le ferait un mauvais
boucher. Eh bien ! comme tout à l’heure, nos deux discours ont saisi le
déraisonnable dans la pensée sous une unique espèce commune, et comme [266a] d’un unique corps croissent des [membres] doubles et de même nom,
gauches, et ceux-là appelés droits, ainsi encore nos deux discours ayant
considéré celui de la folie comme une espèce naturelle unique en nous, l’un,
coupant une part à gauche, puis la coupant à nouveau, n'a pas laissé tomber
avant qu'ayant trouvé parmi elles un certain amour dénommé gauche, il l'ait injurié
en toute justice, l’autre, nous conduisant vers les [parties]à droite du
délire, étant tombé sur un certain amour de même nom que celui-là mais divin
et [266b] l’ayant mis en avant, l'a loué
comme cause pour nous des plus grands biens.
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[265e] Socrate - El [hecho de] poder, a la inversa,
recortar según la especie respetando las articulaciones naturales, y teniendo
cuidado de no destruir ninguna parte, como lo haría un mal carnicero. ¡Pues
bien! Como hace poco, nuestros dos discursos han entendido lo irracional en
el pensamiento bajo una única especie común, y como [266a] con
un único cuerpo cruzan los [miembros] dobles y del mismo
nombre, izquierdos y aquellos llamados derechos, así aún nuestros dos
discursos habiendo considerado el de la locura como una especie natural única
en nosotros, el uno cortando una parte a la izquierda, luego cortándola de
nuevo, no ha dejado caer antes de haber encontrado entre ellas un cierto amor
denominado izquierdo, él la había injuriado con toda justicia, el otro, nos conducía
hacia las [partes] a la derecha
del delirio, habiendo caído sobre un cierto amor del mismo nombre que aquel
pero divino y [266b] habiéndolo puesto delante, lo
ha alabado como causa para nosotros, de los más grandes bienes.
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Phaidros - Alèthestata legeis.
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Phèdre - Tu dis des choses très vraies !
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Fedro – !Dices cosas muy reales !
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Sôkratès - Toutôn dè egôge autos te erastès, ô Phaidre, tôn
diaireseôn kai sunagôgôn, hina hoios te ô legein te kai phronein· ean te tin'
allon hègèsômai dunaton eis hen kai epi polla pephukoth' horan, touton diôkô
"katopisthe met' ichnion hôste theoio." Kai mentoi kai tous
dunamenous auto dran ei men orthôs è mè prosagoreuô, theos oide, kalô de[266c] oun mechri
toude dialektikous.
Ta de nun para sou te kai Lusiou mathontas eipe ti chrè kalein· è touto
ekeino estin hè logôn technè, hèi Thrasumachos te kai hoi alloi chrômenoi
sophoi men autoi legein gegonasin, allous te poiousin, hoi an dôrophorein
autois hôs basileusin ethelôsin;
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Socrate - De fait, moi-même, je me passionne, Phèdre, pour ces
disivions et réunions, afin que je sois capable de parler et de penser ;
et pour peu que j'estime quelqu'un capable de porter naturellement ses
regards vers l'un et sur le multiple, je me mets à sa poursuite,
« derrière lui dans ses traces comme dans celles d'un dieu ». ([7]6) Et en tout cas, ceux qui
sont capables de faire ça, si je m'exprime correctement ou pas, dieu le sait,
mais je les appelle [266c] en conséquence jusqu'à
maintenant « dialectiques ». ([8]7) Quant à ceux qui, à
présent, étudient auprès de toi et de Lysias, dis-moi comment il faut les
appeler ; ou bien est-ce là l'art des discours par l'usage duquel
Thrasymaque et les autres sont devenus habiles à parler eux-mêmes et en
rendent d'autres tels, ceux du moins qui veulent bien leur apporter des
présents comme à des rois.
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Sócrates - De hecho, yo mismo, me
apasiono, Fedro, con estas divisiones y reuniones, para que yo sea capaz de
hablar y de pensar; y por poco que estime a alguien capaz de llevar
naturalmente estas consideraciones hacia lo uno y sobre lo múltiple, me pongo
a su prosecución, «detrás de él, en sus huellas como en las de un dios ». ([9]6) Y en
todo caso, aquellos que son capaces de hacer eso, si me explico correctamente
o no, dios lo sabe pero yo les llamo [266c] en
consecuencia hasta ahora « dialécticos ». ([10]7) En
cuanto a aquellos que, hasta el presente, estudian cerca de tí y de Lisias,
dime cómo hay que llamarlos ; o bien está ahí el arte del discurso por
el uso del cual Trasímaco y los otros se convirtieron en hábiles para hablar
ellos mismos y volviendo a otros tales, aquellos que al menos quieren darles
regalos como a reyes.
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Phaidros - Basilikoi men andres, ou men dè epistèmones ge hôn
erôtais. Alla touto men to eidos orthôs emoige dokeis kalein, dialektikon kalôn· to de rhètorikon
dokei moi diapheugein eth' hèmas.
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Phèdre - Des hommes comparables à des rois en effet, mais
certainement pas compétents en ce sur quoi tu interroges. Mais cette
espèce-là en effet, tu me parais, à moi en tout cas, l'appeler correctement
en l'appelant « dialectique » ;
mais la « rhétorique » me paraît encore nous échapper.
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Fedro – Hombres comparables a reyes en efecto, pero ciertamente no
competentes en esto sobre lo que tu interrogas. Pero esta especie en efecto, a mi me lo pareces
tú en todo caso, llamar correctamente llamando « dialéctica » ; pero la « retórica » me
parece que se nos escapa aún.
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[1] (3) Deux
termes employés dans cette réplique posent un problème de traduction : eidos,
lorsqu'il est question des duoin eidoin, que j'ai traduit par
« de deux idées », et technèi, que j'ai traduit
par « par quelque moyen ».
Eidos, c'est effectivement l'un des termes auxquels on veut dans certains contextes donner le sens d'« idée » en référence à une supposée « théorie des idées » de Platon. Or, ici, Socrate ne fait pas référence à des « concepts » spécifiques, des « idées » au sens que l'on appelle « platonicien », comme l'idée du beau, ou l'idée du bien, mais, comme on va le voir dans la suite, à ce qu'il vaudrait mieux appeler deux « méthodes », deux modes de raisonnement, deux pratiques d'analyse et de syntèse. Et c'est précisément pour ça, parce qu'il n'y a pas de risque de comprendre ici « idée » dans un sens « technique », que je choisis de traduire eidos par « idée » !... En fait, on pourrait paraphraser ce que dit ici Socrate de la manière suivante : « Il y avait beaucoup de balivernes dans toutes ces paroles dites au hasard, mais au milieu de tout ça, il y avait quand même deux idées intéressantes... ». « Idées », dans une telle phrase, peut aussi bien renvoyer au contenu du discours proprement dit, aux thèses soutenues, qu'à sa forme, à la manière de les présenter. Et ce n'est sans doute pas un hasard si, en quelques lignes, Platon va utiliser deux mots différents pour parler de la même chose (ideadans sa prochaine réplique et eidos dans la suivante pour parler des « idées » au sens que je qualifiais à l'instant de « technique »), et le même mot pour parler de deux choses différentes (eidos, justement, ici dans un sens vague qui renvoie plus à des méthodes qu'à des concepts, et plus loin dans le sens plus « technique » auquel on s'attend chez Platon). Tout l'effort du dialegesthai est justement de dépasser les mots, leurs limites et leurs ambiguïtés, pour parvenir aux réalités qui sont derrière. Et pour cela, il ne faut pas rêver de régenter le langage pour supprimer ces ambiguïtés, comme voudrait le faire Aristote, mais au contraire s'y confronter pour en prendre conscience et pouvoir apprendre à utiliser le langage de manière profitable malgré ses limites inévitables.
Et ceci nous amène au problème posé par le second mot, sans doute lui aussi délibéré de la part du Socrate de Platon parlant à un Phèdre qui ne jure que par la technè des sophistes et des rhéteurs à la Lysias. En suggérant qu'il faudrait « saisir (labein) technèi » le pouvoir (dunamin) de ces deux eidein, de ces deux « idées » noyées au milieu de beaucoup d'enfantillages (paidiai), Socrate rêve-t-il d'un « art », d'une « technique » dialectique, ou prend-il le mot, tout comme eidos dans la même phrase, dans un sens beaucoup plus neutre, que le mot technè a aussi en grec, celui de « moyen » au sens le plus général du terme ? Bien sûr, tous ceux qui voient dans la « dialectique », une « technique » justement, dont Socrate et Platon seraient les « inventeurs », n'ont aucun doute ici ! Mais pour moi, ledialegesthai est tout sauf une « technique » ! C'est une manière de concevoir le dialogue, une attitude vis à vis du langage, qui permet de l'utiliser avec profit parce qu'on en a compris les limites, et de le « dépasser » (le dia- de dia-legesthai), et qui peut se pratiquer dans toutes les formes (eidè) de discussion, y compris bien sûr le dialogue intérieur, bref c'est une certaine idée du dialogue dont Socrate va maintenant nous donner quelques principes (eidè)...
Et la boucle est bouclée entre eidos et technè !...(<==)
Eidos, c'est effectivement l'un des termes auxquels on veut dans certains contextes donner le sens d'« idée » en référence à une supposée « théorie des idées » de Platon. Or, ici, Socrate ne fait pas référence à des « concepts » spécifiques, des « idées » au sens que l'on appelle « platonicien », comme l'idée du beau, ou l'idée du bien, mais, comme on va le voir dans la suite, à ce qu'il vaudrait mieux appeler deux « méthodes », deux modes de raisonnement, deux pratiques d'analyse et de syntèse. Et c'est précisément pour ça, parce qu'il n'y a pas de risque de comprendre ici « idée » dans un sens « technique », que je choisis de traduire eidos par « idée » !... En fait, on pourrait paraphraser ce que dit ici Socrate de la manière suivante : « Il y avait beaucoup de balivernes dans toutes ces paroles dites au hasard, mais au milieu de tout ça, il y avait quand même deux idées intéressantes... ». « Idées », dans une telle phrase, peut aussi bien renvoyer au contenu du discours proprement dit, aux thèses soutenues, qu'à sa forme, à la manière de les présenter. Et ce n'est sans doute pas un hasard si, en quelques lignes, Platon va utiliser deux mots différents pour parler de la même chose (ideadans sa prochaine réplique et eidos dans la suivante pour parler des « idées » au sens que je qualifiais à l'instant de « technique »), et le même mot pour parler de deux choses différentes (eidos, justement, ici dans un sens vague qui renvoie plus à des méthodes qu'à des concepts, et plus loin dans le sens plus « technique » auquel on s'attend chez Platon). Tout l'effort du dialegesthai est justement de dépasser les mots, leurs limites et leurs ambiguïtés, pour parvenir aux réalités qui sont derrière. Et pour cela, il ne faut pas rêver de régenter le langage pour supprimer ces ambiguïtés, comme voudrait le faire Aristote, mais au contraire s'y confronter pour en prendre conscience et pouvoir apprendre à utiliser le langage de manière profitable malgré ses limites inévitables.
Et ceci nous amène au problème posé par le second mot, sans doute lui aussi délibéré de la part du Socrate de Platon parlant à un Phèdre qui ne jure que par la technè des sophistes et des rhéteurs à la Lysias. En suggérant qu'il faudrait « saisir (labein) technèi » le pouvoir (dunamin) de ces deux eidein, de ces deux « idées » noyées au milieu de beaucoup d'enfantillages (paidiai), Socrate rêve-t-il d'un « art », d'une « technique » dialectique, ou prend-il le mot, tout comme eidos dans la même phrase, dans un sens beaucoup plus neutre, que le mot technè a aussi en grec, celui de « moyen » au sens le plus général du terme ? Bien sûr, tous ceux qui voient dans la « dialectique », une « technique » justement, dont Socrate et Platon seraient les « inventeurs », n'ont aucun doute ici ! Mais pour moi, ledialegesthai est tout sauf une « technique » ! C'est une manière de concevoir le dialogue, une attitude vis à vis du langage, qui permet de l'utiliser avec profit parce qu'on en a compris les limites, et de le « dépasser » (le dia- de dia-legesthai), et qui peut se pratiquer dans toutes les formes (eidè) de discussion, y compris bien sûr le dialogue intérieur, bref c'est une certaine idée du dialogue dont Socrate va maintenant nous donner quelques principes (eidè)...
Et la boucle est bouclée entre eidos et technè !...(<==)
[2] (3) Dos
términos empleados en esta réplica ponen problema para la traducción : eidos,
cuando es cuestión de los duoin eidoin, que traduje por « de dos ideas », y technèi,
que traduje por « de algún modo ».
Eidos, es efectivamente uno de los términos a los cuales se quiere dar en ciertos contextos, el sentido de « idea » con referencia a una supuesta « teoría de las ideas » de Platón. Ahora bien, aquí Sócrates no hace referencia a los « conceptos » específicos, de las « ideas » en el sentido en que se lo llama « platónico », como la idea de lo bello, o la idea del bien, sino como lo vamos a ver en lo que sigue, a lo que valdría mejor llamar dos « métodos », dos modos de razonamiento, dos prácticas de análisis y de síntesis. Y es por eso precisamente, porque no hay riesgo de comprender aquí « idea » en un sentido « técnico », que elegí traducir eidos por « idea » !... En efecto, se podría parafrasear lo que dice aquí Sócrates de la siguiente manera: «Habían muchos vaivenes en todas estas palabras dichas al azar, pero en medio de todo eso, había a pesar de todo, dos ideas interesantes... ». « Ideas », en una frase tal, puede tanto devolver al contenido del discurso propiamente dicho, a las tesis sostenidas, como a su forma, a la manera de presentarlas. Y no es sin duda un azar si, en algunas líneas, Platón va a utilizar dos palabras diferentes para hablar de la misma cosa (idea en su próxima replica y eidos en la siguiente para hablar de « ideas » en el sentido que calificaba yo hace poco, de « técnica »), y la misma palabra para hablar de dos cosas diferentes, (eidos, justamente, aquí en un sentido vago que renvía más a los métodos que a los conceptos, y más adelante en el sentido más de « técnica » de la que se entiende en Platón). Todo el esfuerzo del dialegesthai es justamente superar las palabras, sus límites y sus ambigüedades, para llegar a realidades que están detrás. Y por esto no hay que soñar con dirigir el lenguaje para suprimir estas ambigüedades, como quería hacerlo Aristóteles, sino que por el contrario confrontarse ahí para tomar de ello consciencia y poder aprender a utilizar el lenguaje de manera aprovechable a pesar de sus inevitables limitaciones.
Y esto nos lleva al problema planteado por la segunda palabra, sin duda deliberadamente puesto de parte del Sócrates de Platón hablando a un Fedro que no jura sino por la technè de los sofistas y de los retóricos en La Lisias. Sugiriendo que habrá que « entender (labein) technèi » el poder (dunamin) de estos dos eidein, de estas dos « ideas » anegadas en medio de mucha chiquillada (paidiai),¿Acaso Sócrates sueña con un « arte », con una « técnica » dialéctica, o toma la palabra, como eidos án la misma frase, en un sentido mucho más neutro, como la palabra technè tiene también en griego, el de « medio» en el sentido más general del término? Por supuesto, todos los que ven en la « dialéctica », una « técnica » justamente, de la que Sócrates y Platón serían los « inventores », no tienen duda alguna aquí! Pero para mi, la dialegesthai es todo, excepto una « técnica » !Es una manera de concebir el diálogo, una actitud frente al leguaje, que permite utilizarlo con provecho porque en él se ha comprendido los límites, y de «superar » (el dia- de dia-legesthai), y que puede practicarse en todas las formas (eidè) de discusión, comprendido ahí por supuesto, el diálogo interior, en suma es una cierta idea del diálogo del que Sócrates va a darnos algunos principios (eidè)...
Y el broche está abrochado entre eidos y technè !...(<==)
Eidos, es efectivamente uno de los términos a los cuales se quiere dar en ciertos contextos, el sentido de « idea » con referencia a una supuesta « teoría de las ideas » de Platón. Ahora bien, aquí Sócrates no hace referencia a los « conceptos » específicos, de las « ideas » en el sentido en que se lo llama « platónico », como la idea de lo bello, o la idea del bien, sino como lo vamos a ver en lo que sigue, a lo que valdría mejor llamar dos « métodos », dos modos de razonamiento, dos prácticas de análisis y de síntesis. Y es por eso precisamente, porque no hay riesgo de comprender aquí « idea » en un sentido « técnico », que elegí traducir eidos por « idea » !... En efecto, se podría parafrasear lo que dice aquí Sócrates de la siguiente manera: «Habían muchos vaivenes en todas estas palabras dichas al azar, pero en medio de todo eso, había a pesar de todo, dos ideas interesantes... ». « Ideas », en una frase tal, puede tanto devolver al contenido del discurso propiamente dicho, a las tesis sostenidas, como a su forma, a la manera de presentarlas. Y no es sin duda un azar si, en algunas líneas, Platón va a utilizar dos palabras diferentes para hablar de la misma cosa (idea en su próxima replica y eidos en la siguiente para hablar de « ideas » en el sentido que calificaba yo hace poco, de « técnica »), y la misma palabra para hablar de dos cosas diferentes, (eidos, justamente, aquí en un sentido vago que renvía más a los métodos que a los conceptos, y más adelante en el sentido más de « técnica » de la que se entiende en Platón). Todo el esfuerzo del dialegesthai es justamente superar las palabras, sus límites y sus ambigüedades, para llegar a realidades que están detrás. Y por esto no hay que soñar con dirigir el lenguaje para suprimir estas ambigüedades, como quería hacerlo Aristóteles, sino que por el contrario confrontarse ahí para tomar de ello consciencia y poder aprender a utilizar el lenguaje de manera aprovechable a pesar de sus inevitables limitaciones.
Y esto nos lleva al problema planteado por la segunda palabra, sin duda deliberadamente puesto de parte del Sócrates de Platón hablando a un Fedro que no jura sino por la technè de los sofistas y de los retóricos en La Lisias. Sugiriendo que habrá que « entender (labein) technèi » el poder (dunamin) de estos dos eidein, de estas dos « ideas » anegadas en medio de mucha chiquillada (paidiai),¿Acaso Sócrates sueña con un « arte », con una « técnica » dialéctica, o toma la palabra, como eidos án la misma frase, en un sentido mucho más neutro, como la palabra technè tiene también en griego, el de « medio» en el sentido más general del término? Por supuesto, todos los que ven en la « dialéctica », una « técnica » justamente, de la que Sócrates y Platón serían los « inventores », no tienen duda alguna aquí! Pero para mi, la dialegesthai es todo, excepto una « técnica » !Es una manera de concebir el diálogo, una actitud frente al leguaje, que permite utilizarlo con provecho porque en él se ha comprendido los límites, y de «superar » (el dia- de dia-legesthai), y que puede practicarse en todas las formas (eidè) de discusión, comprendido ahí por supuesto, el diálogo interior, en suma es una cierta idea del diálogo del que Sócrates va a darnos algunos principios (eidè)...
Y el broche está abrochado entre eidos y technè !...(<==)
[3] (4) Le
grec n'utilise pas de nom pour désigner ce dont on parle ici, et qui est
qualifié par un participe parfait passif (diesparmena) associé à un
adverbe (pollachèi), mais se contente de faire précéder ces deux termes
d'un article défini au neutre pluriel (ta). Il est impossible de rendre
cette tournure en français sans projeter dans le texte des connotations ou des
restrictions qui n'y sont pas et qui perturbent la compréhension. Le classique
« choses » est trop matérialiste, surtout quand ce dont il a été
question dans les discours dont Socrate fait l'analyse et la critique, ce sont
des « idées » bien plus que des choses, l'amour en particulier, sous
ses différentes formes, auquel ne fait pas spontanément penser le mot
« choses » en français. Un terme plus englobant, comme
« êtres » tire avec lui toute la métaphysique. Parler
d'« objets » ou de « sujets d'investigation » restreint la
portée du texte. Des tournures neutres en français comme « ce qui est de
multiples manières disséminé » obligent à remplacer le pluriel grec par un
singulier en français, et parler d'un singulier disséminé peut conduire à des
considérations métaphysiques qui ne sont pas la préoccupation première de
Socrate ici. Bref, en désespoir de cause, je renonce à ajouter un mot
signifiant en français dont l'équivalent n'est pas dans le texte grec et je
laisse à chacun le soin de suppléer aux trois astérisques entre crochets, comme
devaient d'ailleurs le faire les grecs qui entendaient le texte de Platon ou
des tournures analogues, fréquentes en grec, avec des neutres pluriels sans nom
associé. (<==)
[4] (5) La
tentation est grande de traduire horizomenos par « en
définissant », l'un des sens qu'a en effet le verbe horizein au
moyen. Mais c'est encore là une traduction par trop technique qui projette
Aristote dans Platon. Il vaut mieux une traduction qui rende perceptible le
sens premier du verbe horizein, qui dérive de horos,
« borne, limite ». « Définir » fait trop penser à des
définitions du dictionnaire, alors que la manière de « délimiter » un
mot, un concept, une « idée », de Platon, ce sont les dialogues dits
« aporétiques, ou « socratiques », qui nous en donnent le meilleur
exemple. Et ce que reprochent justement à ces dialogues ceux qui voudraient des
définitions à la Aristote chez Platon, c'est de ne pas parvenir à donner une
« définition » de ce qui est en discussion (le courage dans leLachès,
la piété dans l'Euthyprhon, la modération dans le Charmide,
etc.), d'où leur qualificatif d'« aporétique » (d'un mot grec, aporos,
qui signifie « sans issue »). Or, ce qu'ils ne voient pas, c'est que
le dialogue a fait ce que ne fera jamais une « définition », nous
donner une meilleure compréhension de ce dont on a discuté, en en montrant les
multiples facettes et que, loin de restreindre la richesse du mot ou du concept
pour l'enfermer dans une formule forcément réductrice, il en a au contraire
dégagé l'« horizon » (le mot français qui vient justement de horizein) !...
Bien sûr, on a mis des limites en distinguant ce à quoi on s'intéressait
d'autres [***] (voir note précédente), mais on en a surtout fait le tour (sunorônta). Bref, on l'a
bel et bien « délimité » bien plus que « défini » au sens
habituel de ce terme. (<==)
[5] (4) El
griego no utiliza sustantivo para designar eso de lo que se habla aquí, y que
es calificado por un participio perfecto pasivo (diesparmena) asociado a
un adverbio (pollachèi), pero se contenta con hacer preceder estos dos
términos por un artículo definido en el neutro plural (ta). Es imposible
de dar cuenta de este giro en francés sin proyectar en el texto connotaciones o
restricciones que no están y que perturban la comprensión. El clásico « cosas » es muy materialista, sobre
todo cuando aquello que ha sido cuestión en el discurso del que Sócrates hace
el análisis y la crítica, son las « ideas » más bien que cosas, el
amor en particular, bajo sus diferentes formas, en el que la palabra « cosas »
no nos hace pensar en francés, espontáneamente. Un término más englobante, como
« seres » trae consigo toda la metafísica. Hablar de « objetos »
o de « sujetos de investigación » restringe el alcance del texto. Los
giros neutros en francés como « eso que es de múltiples maneras diseminado »
obligan a remplazar el plural griego con un singular en francés, y hablar de un
singular diseminado puede conducir a consideraciones metafísicas que no son la primera preocupación de Sócrates aquí. En
suma, en desespero de causa renuncio a agregar una palabra significante en
francés cuyo equivalente no está en el texto griego y dejo a cada uno el
cuidado de suplir en los tres asterisco entre corchetes, como debían por otra
parte, hacerlo los griegos que escuchaban el texto de Platón o con giros
análogos, frecuentes en griego, con neutros plurales sin sustantivo asociado. (<==)
[6] (5) La
tentación es grande de traducir horizomenos por « definiendo »,
uno de los sentidos que tiene en efecto el verbo horizein en medio.
Pero es aún aquí, una traducción no muy técnica que proyecta Aristóteles en
Platón. Más vale una traducción que vuelva perceptible el sentido primero del
verbo horizein, que deriva de horos, « borne,
limite ». « Definir » hace penar más en las definiciones del
diccionario, mientras que la manera de « delimitar » una palabra, un
concepto, una « idea », de Platón, está en los diálogos llamados
« aporéticos, o « socráticos », que nos dan el mejor ejemplo. Y
lo que aproximan justamente en esos diálogos los que querrían definiciones a
Aristóteles en Platón, es que no llevan a dar una « definición » de lo
que está en discusión (el coraje en el Cobarde, la piedad en el Eutifron,
la moderación en el Carnal,
etc.), de donde su calificativo de « aporético » (de una palabra
griega, aporos, que significa « sin salida »). Ahora
bien, los que no ven, es que el diálogo hizo lo que una «definición» no hará
jamás darnos una mayor comprensión de aquello que se discutió, mostrando las
múltiples facetas y que, lejos de restringir la riqueza de la palabra o del
concepto para encerrarlo en una fórmula forzosamente reductora, ha, por el contrario,
separado el « horizonte » (palabra francesa que viene justamente de horizein) !...
Por supuesto, se han puesto límites al distinguir aquello que nos interesaría
de otros [***] (ver nota
anterior), pero sobre todo se hizo el giro (sunorônta). En suma, se
ha « delimitado » más bien que
« definido » en el sentido habitual de este término. (<==)
[7] (6) Réminiscence
non strictement textuelle d'un vers d'Homère : ho d' epeita met'
ichnia baine theoio, « et lui [Ulysse] suivait derrière dans les
traces de la déesse [Calypso] » (Odyssée, V, 193). Cette
référence est pour le moins ambiguë dans le contexte de la réplique de Socrate,
puisqu'elle renvoie à une déesse qui n'est en fait qu'une Nymphe, fille
d'Atlas, et dont le nom dérive du verbe kaluptein qui signifie
« couvrir, cacher », et à un épisode où Ulysse suit la déesse chez
qui il était retenu depuis dix ans au moment précis où elle vient de lui
annoncer qu'elle a décidé (sur ordre de Zeus transmis par Hermès) de le laisser
partir. (<==)
[8] (7) En
disant de quelqu'un qu'il est un « dialectique », à l'aide d'un
adjectif substantivé, Platon fait la même chose que ceux aujourd'hui qui disent
de quelqu'un que c'est un « scientifique » (expression chère aux
journalistes pour donner d'un seul mot de la crédibilité à toute personne
présentée comme experte en un domaine quelconque qu'on fait intervenir dans un
reportage ou un débat, et par voix de conséquence un gage de sérieux au
reportage ou à l'émission...) (<==)
[9] (6) Reminiscencia
no estrictamente textual de un verso de Homero: ho d' epeita met'
ichnia baine theoio, « y él [Ulises] seguía detrás de las huellas de
la diosa [Calypso] » (Odyssée,
V, 193). Esta referencia es por lo menos ambigua en el contexto de la
réplica de Sócrates, puesto que renvía a una diosa que no es de hecho sino una
Ninfa, hija de Atlas, y cuyo nombre deriva del verbo kaluptein que
significa « cubrir, ocultar », y a un episodio donde Ulises sigue a la
diosa donde estaba retenido desde hacía diez años en el momento preciso en el
que ella viene a anunciarle que ha decidido (por orden de Zeus transmitida par
Hermes) dejarlo partir. (<==)
[10] (7) Diciendo
de alguien que él es un « dialéctico », con la ayuda de un adjetivo
sustantivado, Platón hace la misma cosa que aquellos que hoy en día dicen de
alguien que es un « científico »
(expresión cara a los periodistas para dar en una sola palabra credibilidad a
toda persona presentada como experta en una área cualquiera que hacen intervenir
en un reportaje o un debate, y por voz de consecuencia una garantía de seriedad
al reportaje o la emisión...) (<==)
Fuente, el bellísimo trabajo de © 2006 Bernard SUZANNE
Source, le brillant travail de © 2006 Bernard SUZANNE à qui nous remercions.
Psicoanalista
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Itagui, Antioquia, Colombia