viernes, 19 de octubre de 2012

1975-10-04 CONFÉRENCE À GENÈVE SUR LE SYMPTÔME



La conférence annoncée sous le titre « Le symptôme » fut prononcée au Centre R. de Saussure à Genève, le 4 Octobre 75, dans le cadre d’un week-end de travail organisé par la Société suisse de psychanalyse. Elle fut introduite par M. Olivier Flournoy. Elle parut dans Le Bloc-notes de la psychanalyse, 1985, n° 5, pp. 5-23.


(5)J. Lacan – Je ne commencerai pas sans remercier Olivier Flournoy de m’avoir invité ici, ce qui me donne le privilège de vous parler.
Il m’a semblé que, depuis le temps que je pratique, je vous devais au moins un mot d’explication – un mot d’explication sur le fait que j’ai d’abord pratiqué, et puis qu'un jour, je me suis mis à enseigner.
Je n’avais d’enseigner vraiment aucun besoin. Je l’ai fait à un moment où s’est fondé ce que l’on appelle depuis l’Institut psychanalytique de Paris, – fondé sous le signe de l’accaparement par quelqu'un qui n’avait, mon Dieu, pas tellement de titre à jouer ce rôle. Je l’ai fait uniquement parce qu'à ce moment, qui était une crise – c’était, en somme, l’instauration d’une espèce de dictature –, une partie de ces gens, de ces psychanalystes, qui sortaient de la guerre – ils avaient tout de même mis huit ans à en sortir, puisque cette fondation est de 1953 – une partie m’a demandé de prendre la parole.
Il y avait alors à Sainte-Anne un professeur de psychiatrie, depuis académicien, qui m’y a invité. Il avait soi-disant été psychanalysé lui-même, mais à la vérité sa Jeunesse d’André Gide n’en donne pas le témoignage, et il n’était pas si enthousiaste à (6)jouer un rôle dans la psychanalyse. Aussi n’a-t-il été que trop content, au bout de dix ans, non pas de me donner congé, car c’est plutôt moi qui lui ai donné congé, mais de me voir partir.
À ce moment, une nouvelle crise se déclarait, qui tenait, mon Dieu, à une sorte d’aspiration, avec une espèce de bruit de trou, qui se faisait au niveau de l’Internationale. C’est là quelque chose que Joyce, qui est à l’ordre du jour de mes préoccupations pour l’instant, symbolise du mot anglais suck – c’est le bruit que fait la chasse d’eau au moment où elle est déclenchée, et où ça s’engloutit par le trou.
C’est une assez bonne métaphore pour la fonction de cette Internationale telle que l’a voulue Freud. Il faut se souvenir que c’est dans la pensée que tout de suite après sa disparition, rien ne pouvait garantir que sa pensée serait sauvegardée, qu’il l’a confiée à personne d’autre qu’à sa propre fille. On ne peut pas dire, n’est-ce pas, que la dite fille soit dans la ligne de Freud lui-même. Les mécanismes dits de défense qu’elle a produits ne me semblent pas du tout être le témoignage qu’elle était dans le droit fil des choses, bien loin de là.
Je me suis donc trouvé commencer en 1953 un séminaire, que certains d’entre vous, me dit Olivier Flournoy, ont suivi. Ce séminaire n’est autre que le recueil que j’ai laissé aux mains de quelqu’un qui s’appelle Jacques-Alain Miller, et qui m’est assez proche. Je l’ai laissé entre ses mains parce que ce séminaire était un peu loin de moi, et que si je l’avais relu, je l’aurais réécrit, ou tout au moins, je l’aurais écrit tout court.
Écrire n’est pas du tout la même chose, pas du tout pareil, que de dire, comme je l’illustrerai plus loin. Il se trouve que, durant le temps que j’étais à Sainte-Anne, j’ai voulu que quelque chose reste de ce que je disais. Il paraissait à ce moment-là une revue où, à proprement parler, j’écrivais. J’ai fait le recueil d’un certain nombre des articles parus dans cette revue. Comme j’avais aussi écrit pas mal de choses avant, la moitié de ce recueil est fait de ces écrits antérieurs – qui sont à proprement parler des écrits, d’où mon titre, Écrits tout simplement. Ce titre a un peu scandalisé une personne de mes relations qui était une charmante jeune femme, japonaise. Il est probable que la résonance du mot Écrits n’est pas la même en japonais et en français. Simplement, par Écrits, je voulais signaler que c’était en quelque sorte le résidu de mon enseignement.
Je faisais donc dans cette revue, La Psychanalyse, à peu près une fois par an, un écrit qui était destiné à conserver quelque chose du remous qu’avait engendré ma parole, à en garder un appareil à quoi on pourrait se reporter. Je le faisais dans l’esprit qu’après tout, cela aurait pu me servir de référence auprès de l’Internationale. Bien entendu, celle-ci se moque assez de tous les écrits – et après tout, elle a raison, puisque la psychanalyse, c’est tout autre chose que des écrits. Néanmoins, il ne serait (7)peut-être pas mal que l’analyste donne un certain témoignage qu’il sait ce qu’il fait. S’il fait quelque chose, dire, il ne serait peut-être pas excessif d’attendre que, de ce qu’il fait, d’une certaine façon il témoigne.
Il n’est pas plus excessif d’espérer qu’à ce qu’il fait, il pense. Il pense de temps en temps. Il pense quelquefois. Ce n’est pas absolument obligatoire. Je ne donne pas une connotation de valeur au terme de penser. Je dirais même plus – s’il y a quelque chose que j’ai avancé, cela est bien de nature à rassurer le psychanalyste dans ce que l’on pourrait dire son automatisme. Je pense que la pensée est en fin de compte un engluement. Et les psychanalystes le savent mieux que personne. C’est un engluement dans quelque chose que j’ai spécifié de ce que j’appelle l’imaginaire, et toute une tradition philosophique s’en est très bien aperçue. Si l’homme – cela paraît une banalité que de le dire – n’avait pas ce que l’on appelle un corps, je ne vais pas dire qu’il ne penserait pas, car cela va de soi, mais il ne serait pas profondément capté par l’image de ce corps.
L’homme est capté par l’image de son corps. Ce point explique beaucoup de choses, et d’abord le privilège qu’a pour lui cette image. Son monde, si tant est que ce mot ait un sens, son Umwelt, ce qu’il y a autour de lui, il le corpo-réifie, il le fait chose à l’image de son corps. Il n’a pas la moindre idée, bien sûr, de ce qui se passe dans ce corps. Comment est-ce qu’un corps survit ? Je ne sais pas si cela vous frappe un tant soit peu – si vous vous faites une égratignure, eh bien, ça s’arrange. C’est tout aussi surprenant, ni plus ni moins, que le fait que le lézard qui perd sa queue la reconstitue. C’est exactement du même ordre.
C’est par la voie du regard, à quoi tout à l’heure Olivier Flournoy a fait référence, que ce corps prend son poids. La plupart – mais pas tout – de ce que l’homme pense s’enracine là. Il est vraiment très difficile à un analyste, vu ce à quoi il a affaire, de ne pas être aspiré – de la même façon où je l’entendais tout à l’heure – par le glou-glou de cette fuite, de cette chose qui le capte, en fin de compte, narcissiquement, dans le discours de celui qu’Olivier Flournoy a appelé tout à l’heure – je le regrette – l’analysé. Je le regrette parce qu’il y a un moment enfin que le terme l’analysant, que j’ai un jour proféré dans mon séminaire, a pris droit de cité. Non pas seulement dans mon École – je n’y attacherais qu’une importance relative, relative à moi –, mais cela a fait une sorte de trait de foudre dans la semaine même où je l’avais articulé, cet analysant. L’Institut psychanalytique de Paris, qui est très à la page de tout ce que je raconte – je dirais même plus, ce que je dis est le principal de ce qu’on y enseigne – cet institut s’est gargarisé de cet analysant qui lui venait là comme une bague au doigt, ne serait-ce que pour décharger l’analyste d’être le responsable, dans l’occasion, de l’analyse.
(8)Je dois dire que, quand j’avais avancé cette chose, je n’avais fait que parodier – si je puis m’exprimer ainsi, puisque tout une tradition est de l’ordre de la parodie – le terme analysand, qui est courant dans la langue anglaise. Bien sûr, ce n’est pas strictement équivalent au français. Analysand évoque plutôt le devant-être-analysé, et ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c’était que dans l’analyse, c’est la personne qui vient vraiment former une demande d’analyse, qui travaille. À condition que vous ne l’ayez pas mise tout de suite sur le divan, auquel cas c’est foutu. Il est indispensable que cette demande ait vraiment pris forme avant que vous la fassiez étendre. Quand vous lui dites de commencer – et ça ne doit être ni la première, ni la seconde fois, au moins si vous voulez vous comporter dignement –, la personne, donc, qui a fait cette demande d’analyse, quand elle commence le travail, c’est elle qui travaille. Vous n’avez pas du tout à la considérer comme quelqu’un que vous devez pétrir. C’est tout le contraire. Qu’est-ce que vous y faites là ? Cette question est tout ce pour quoi je m’interroge depuis que j’ai commencé.
J’ai commencé, mon Dieu, je dirais – tout bêtement. Je veux dire que je ne savais pas ce que je faisais, comme la suite l’a prouvé – prouvé à mes yeux. N’y aurais-je pas regardé à plus d’une fois si j’avais su ce dans quoi je m’engageais ? Cela me paraît certain. C’est bien pour cette raison qu’au terme ultime, c’est-à-dire au dernier point où je suis arrivé à la rentrée de 1967, en octobre, j’ai institué cette chose qui consiste à faire que, quand quelqu’un se pose comme analyste, il n’y a que lui-même qui puisse le faire. Cela me semble de première évidence.
Quand quelqu’un se pose comme analyste, il est libre dans cette espèce d’inauguration, que j’ai faite alors et que j’ai appelé Proposition. Il est libre, il peut aussi bien ne pas le faire, et garder les choses pour lui, mais il est libre aussi de s’offrir à cette épreuve de venir les confier – les confier à des gens que j’ai choisis exprès pour être exactement au même point que lui.
Il est évident en effet que si c’est à un aîné, à un titularisé, voire à un didacticien comme on s’exprime, qu’il va s’adresser, on peut être sûr que son témoignage sera complètement à côté de la plaque. Parce que d’abord, il sait très bien que le pauvre crétin auquel il s’adresse a déjà tellement de bouteille qu’il ne sait absolument pas, tout comme moi, pourquoi il s’est engagé dans cette profession d’analyste. Moi, je m’en souviens un peu, et je m’en repens. Mais pour la plupart, ils l’ont totalement oublié. Ils ne voient que leur position d’autorité, et dans ces conditions, on essaye de se mettre au pas de celui qui a l’autorité, c’est-à-dire qu’on ment, tout simplement. Alors j’ai essayé que cela soit toujours à des personnes débutantes comme eux dans la fonction d’analyste, qu’ils s’adressent.
Malgré tout, j’ai gardé – faut toujours se garder d’innover, (9)c’est pas mon genre, j’ai jamais innové en rien – une sorte de jury qui est fait du consentement de tout le monde. Il n’y a rien qui ne soit aussi frappant que ceci – si vous faites élire un jury quelconque, si vous faites voter, voter à bulletin secret, ce qui sort, c’est le nom de gens déjà parfaitement bien repérés. La foule veut des leaders. C’est déjà fort heureux quand elle n’en veut pas un seul. Alors la foule qui veut des leaders élit des leaders qui sont déjà là par le fonctionnement de choses. C’est devant ce jury que viennent témoigner ceux qui ont reçu le témoignage de ceux qui se veulent analystes.
Dans l’esprit de ma Proposition, cette opération est faite pour éclairer ce qui se passe à ce moment. C’est exactement ce que Freud nous dit – quand nous avons un cas, ce que l’on appelle un cas, en analyse, il nous recommande de ne pas le mettre d’avance dans un casier. Il voudrait que nous écoutions, si je puis dire, en toute indépendance des connaissances acquises par nous, que nous sentions à quoi nous avons affaire, à savoir la particularité du cas. C’est très difficile, parce que le propre de l’expérience est évidemment de préparer un casier. Il nous est très difficile, à nous analystes, hommes, où femmes, d’expérience, de ne pas juger de ce cas en train de fonctionner et d’élaborer son analyse, de ne pas nous souvenir à son propos des autres cas. Quelle que soit notre prétendue liberté – car cette liberté, il est impossible d’y croire –, il est clair que nous ne pouvons nous nettoyer de ce qui est notre expérience. Freud insiste beaucoup là-dessus, et si c’était compris, cela donnerait peut-être la voie vers un tout autre mode d’intervention – mais cela ne peut pas l’être.
C’est donc dans cet esprit que j’ai voulu que quelqu’un qui est au même niveau que celui qui franchit ce pas, porte témoignage. C’est, en somme, pour nous éclairer. Il arrive que de temps en temps, quelqu’un porte un témoignage qui a le caractère – ça, ça se reconnaît quand même – de l’authenticité. Alors, j’ai prévu que cette personne, on se l’agrégerait au niveau où il y a des gens qui sont censés penser à ce qu’ils font, de façon à faire un triage. Qu’est-ce que c’est devenu tout aussitôt ? Bien sûr, c’est devenu un autre mode de sélection. À savoir qu’une personne qui a témoigné en tout honnêteté de ce qu’elle a fait dans son analyse dite après coup didactique, se sent retoquée si, à la suite de ce témoignage, elle ne fait partie de ce par quoi j’ai essayé d’élargir le groupe de ceux qui sont capables de réfléchir un peu sur ce qu’ils font. Ils se sentent dépréciés, quoique je fasse tout pour que ce ne soit pas le cas. J’essaie de leur expliquer ce que leur témoignage nous a apporté, d’une certaine manière d’entrer dans l’analyse après s’être fait soi-même former par ce qui est exigible. Ce qui est exigible, c’est évidemment d’être passé par cette expérience. Comment la transmettre si on ne s’y est pas soumis soi-même ? Enfin, bref.
(10)Je voudrais évoquer ici la formule de Freud du Soll Ich Werden, à laquelle j’ai plus d’une fois fait un sort[1]. Werden, qu’est-ce que cela veut dire ? Il est très difficile de le traduire. Il va vers quelque chose. Ce quelque chose, est-ce le den ? Le Werden, est-ce un verdoiement ? Qu’y a-t-il dans le devenir allemand ? Chaque langue a son génie, et traduire Werden par devenir n’a vraiment de portée que dans ce qu’il y a déjà de den dans le devenir. C’est quelque chose de l’ordre du dénuement, si l’on peut dire. Le dénuement n’est pas la même chose que le dénouement. Mais laissons cela en suspens.
Ce dont il s’agit, c’est de prendre la mesure de ce fait que Freud – chose très surprenante de la part d’un homme si vraiment praticien – n’a mis en valeur que dans le premier temps de son œuvre, dans cette première étape qui va jusque vers 1914, avant la première guerre – dans sa Traumdeutung, dans sa Psychopathologie de la vie dite quotidienne, et dans son Mot d’esprit tout particulièrement. Il a mis en valeur ceci, et le surprenant est qu’il ne l’ait pas touché du doigt, c’est que son hypothèse de l’Unbewusstsein, de l’inconscient, eh bien, si l’on peut dire, il l’a mal nommée.
L’inconscient, ce n’est pas simplement d’être non su. Freud lui-même le formule déjà en disant Bewusst. Je profite ici de la langue allemande, où il peut s’établir un rapport entre Bewusst et Wissen. Dans la langue allemande, le conscient de la conscience se formule comme ce qu’il est vraiment, à savoir la jouissance d’un savoir. Ce que Freud a apporté, c’est ceci, qu’il n’y a pas besoin de savoir qu’on sait pour jouir d’un savoir.
Touchons enfin cette expérience que nous faisons tous les jours. Si ce dont nous parlons est vrai, si c’est bien à une étape précoce que se cristallise pour l’enfant ce qu’il faut bien appeler par son nom, à savoir les symptômes, si l’époque de l’enfance est bien pour cela décisive, comment ne pas lier ce fait à la façon dont nous analysons les rêves et les actes manqués ? – Je ne parle pas des mots d’esprit, complètement hors de la portée des analystes, qui n’ont naturellement pas le moindre esprit. C’est du Freud, mais ça prouve quand même que là Freud, tout de même, a dû s’apercevoir que l’énoncé d’un acte manqué ne prend sa valeur que des expliques d’un sujet. Comment interpréter un acte manqué ? On serait dans le noir total, si le sujet ne disait pas à ce propos un ou deux petits trucs, qui permettent de lui dire – mais enfin, quand vous avez sorti votre clef de votre poche pour entrer chez moi, analyste, ça a quand même un sens – et selon son état d’avancement, on lui expliquera le sens à divers titre – soit par le fait qu’il croit être chez lui, ou qu’il désire être chez lui, ou même plus loin que le fait d’entrer la clé dans la serrure prouve quelque chose qui tient au symbolisme de la serrure et de la clé. Le symbolisme de la Traumdeutung est (11)exactement le même tabac. Qu’est-ce que c’est que ces rêves, si ce n’est des rêves racontés ? C’est dans le procès de leur récit que se lit ce que Freud appelle leur sens. Comment même soutenir une hypothèse telle que celle de l’inconscient ? – si l’on ne voit pas que c’est la façon qu’a eue le sujet, si tant est qu’il y a un sujet autre que divisé, d’être imprégné, si l’on peut dire, par le langage.
Nous savons bien dans l’analyse l’importance qu’a eue pour un sujet, je veux dire ce qui n’était à ce moment-là encore que rien du tout, la façon dont il a été désiré. Il y a des gens qui vivent sous le coup, et cela leur durera longtemps dans leur vie, sous le coup du fait que l’un des deux parents – je ne précise pas lequel – ne les pas désirés. C’est bien ça, le texte de notre expérience de tous les jours.
Les parents modèlent le sujet dans cette fonction que j’intitule du symbolisme. Ce qui veut dire strictement, non pas que l’enfant soit de quelque façon le principe d’un symbole, mais que la façon dont lui a été instillé un mode de parler ne peut que porter la marque du mode sous lequel les parents l’on accepté. Je sais bien qu’il y a à cela toutes sortes de variations, et d’aventures. Même un enfant non désiré peut, au nom de je ne sais quoi qui vient de ses premiers frétillements, être mieux accueilli plus tard. N’empêche que quelque chose gardera la marque de ce que le désir n’existait pas avant une certaine date.
Comment a-t-on pu à ce point méconnaître jusqu’à Freud, que ces gens que l’on appelle des hommes, des femmes éventuellement, vivent dans la parlote ? Il est très curieux pour des gens qui croient qu’ils pensent, qu’ils ne s’aperçoivent pas qu’ils pensent avec des mots. Il y des trucs là-dessus avec lesquels il faut en finir, n’est-ce pas ? La thèse de l’école de Würzburg, sur la soi-disant aperception de je ne sais quelle pensée synthétique qui n’articulerait pas, est vraiment la plus délirante qu’une école de prétendus psychologues ait produite. C’est toujours à l’aide de mots que l’homme pense. Et c’est dans la rencontre de ces mots avec son corps que quelque chose se dessine. D’ailleurs, j’oserais dire à ce propos le terme d’inné – s’il n’y avait pas de mots, de quoi l’homme pourrait-il témoigner ? C’est là qu’il met le sens.
J’ai essayé à la façon que j’ai pu, de faire revivre quelque chose qui n’était pas de moi, mais qui avait déjà été aperçu par les vieux stoïciens. Il n’y a aucune raison de penser que la philosophie ait toujours été la même chose que ce qu’elle est pour nous. En ce temps-là la philosophie était un mode de vivre – un mode de vivre à propos de quoi on pouvait s’apercevoir, bien avant Freud, que le langage, ce langage qui n’a absolument pas d’existence théorique, intervient toujours sous la forme de ce que j’appelle d’un mot que j’ai voulu faire aussi proche que possible du mot lallation – lalangue.
(12)Lalangue, les anciens depuis le temps d’Esope, s’étaient très bien aperçus que c’était absolument capital. Il y a là-dessus une fable bien connue, mais personne ne s’en aperçoit. Ce n’est pas du tout au hasard que dans lalangue quelle qu’elle soit dont quelqu’un a reçu la première empreinte, un mot est équivoque. Ce n’est certainement pas par hasard qu’en français le mot ne se prononce d’une façon équivoque avec le mot nœud. Ce n’est pas du tout par hasard que le mot pas, qui en français redouble la négation contrairement à bien d’autres langues, désigne aussi un pas. Si je m’intéresse tellement au pas, ce n’est pas par hasard. Cela ne veut pas dire que la langue constitue d’aucune façon un patrimoine. Il est tout à fait certain que c’est dans la façon dont la langue a été parlée et aussi entendue pour tel et tel dans sa particularité, que quelque chose ensuite ressortira en rêves, en toutes sortes de trébuchements, en toutes sortes de façons de dire. C’est, si vous me permettez d’employer pour la première fois ce terme, dans ce motérialisme que réside la prise de l’inconscient – je veux dire que ce qui fait que chacun n’a pas trouvé d’autres façons de sustenter que ce que j’ai appelé tout à l’heure le symptôme.
Lisez un peu, je suis sûr que cela ne vous arrive pas souvent, l’Introduction à la psychanalyse, les Vorlesungen de Freud. Il y a deux chapitres sur le symptôme. L’un s’appelle Wege zur Symptom Bildung, c’est le chapitre 23, puis vous vous apercevez qu’il y a un chapitre 17 qui s’appelle Der Sinn, le sens des symptômes. Si Freud a apporté quelque chose, c’est ça. C’est que les symptômes ont un sens, et un sens qui ne s’interprète correctement – correctement voulant dire que le sujet en lâche un bout – qu’en fonction de ses premières expériences, à savoir pour autant qu’il rencontre, ce que je vais appeler aujourd’hui, faute de pouvoir en dire plus ni mieux, la réalité sexuelle.
Freud a beaucoup insisté là-dessus. Et il a cru pouvoir accentuer notamment le terme d’autoérotisme, en ceci que cette réalité sexuelle, l’enfant la découvre d’abord sur son propre corps. Je me permets – cela ne m’arrive pas tous les jours – de n’être pas d’accord – et ceci au nom de l’œuvre de Freud lui-même.
Si vous étudiez de près le cas du petit Hans, vous verrez que ce qu’y s’y manifeste, c’est que ce qu’il appelle son Wiwimacher, parce qu’il ne sait pas comment l’appeler autrement, s’est introduit dans son circuit. En d’autres termes, pour appeler les choses tranquillement par leur nom, il a eu ses premières érections. Ce premier jouir se manifeste, on pourrait dire chez quiconque. Bien sûr, n’est-ce pas, non pas vrai, mais vérifié, chez tous. Mais c’est justement là qu’est la pointe de ce que Freud a apporté – il suffit que cela soit vérifié chez certains pour que nous soyons en droit de construire là-dessus quelque chose qui a le plus étroit rapport avec l’inconscient. Car après (13)tout, c’est un fait – l’inconscient, c’est Freud qui l’a inventé. L’inconscient est une invention au sens où c’est une découverte, qui est liée à la rencontre que font avec leur propre érection certains êtres.
Nous appelons ça comme ça, être, parce que nous ne savons pas parler autrement. On ferait mieux de se passer du mot être. Quelques personnes dans le passé y ont été sensibles. Un certain Saint Thomas d’Aquin – c’est un saint homme lui aussi, et même un symptôme – a écrit quelque chose qui s’appelle De ente et essentia. Je ne peux dire que je vous en recommande la lecture, parce que vous ne la ferez pas, mais c’est très astucieux. S’il y a quelque chose qui s’appelle l’inconscient, cela veut dire qu’il n’y a pas besoin de savoir ce que l’on fait pour le faire, et pour le faire en le sachant très bien. Il y aura peut-être une personne qui lira ce De ente et essentia, et qui s’apercevra de ce que ce saint homme, ce symptôme, dégouase très bien – l’être, ça ne s’attrape pas si facilement, ni l’essence.
Il n’y a pas besoin de savoir tout ça. Il n’y a besoin que de savoir que chez certains êtres, qu’on les appelle, la rencontre avec leur propre érection n’est pas du tout autoérotique. Elle est tout ce qu’il y a de plus hétéro. Ils se disent – Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Et ils se le disent si bien que ce pauvre petit Hans ne pense qu’à ce ça – l’incarner dans des objets tout ce qu’il y a de plus externes, à savoir dans ce cheval qui piaffe, qui rue, qui se renverse, qui tombe par terre. Ce cheval qui va et vient, qui a une certaine façon de glisser le long des quais en tirant un chariot, est tout ce qu’il y a de plus exemplaire pour lui de ce à quoi il a affaire, et auquel il ne comprend exactement rien, grâce au fait, bien sûr, qu’il a un certain type de mère et un certain type de père. Son symptôme, c’est l’expression, la signification de ce rejet.
Ce rejet ne mérite pas du tout d’être épinglé de l’autoérotisme, sous ce seul prétexte qu’après tout ce Wiwimacher, il l’a, accroché quelque part au bas de son ventre. La jouissance qui est résultée de ce Wiwimacher lui est étrangère, au point d’être au principe de sa phobie. Phobie veut dire qu’il en a la trouille. L’intervention du professeur Freud médiée par le père est tout un truquage, qui n’a qu’un seul mérite, c’est d’avoir réussi. Il arrivera à faire supporter la petite queue par quelqu’un d’autre, à savoir en l’occasion sa petite sœur.
J’abrège ici le cas du petit Hans. Je ne l’ai introduit que parce que, étant donné que vous êtes d’une ignorance absolument totale, je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas improvisé aujourd’hui. Je ne vais pas me mettre à vous lire tous les trucs que j’ai mijotés pour vous. Je veux simplement essayer de faire passer quelque chose de ce qui est arrivé, vers la fin du siècle dernier, chez quelqu’un qui n’était pas un génie, comme on le dit, mais un honnête imbécile, comme moi.
(14)Freud s’est aperçu qu’il y avait des choses dont personne ne pouvait dire que le sujet parlant les savait sans les savoir. Voilà le relief des choses. C’est pour cela que j’ai parlé du signifiant, et de son effet signifié. Naturellement, avec le signifiant, je n’ai pas du tout vidé la question. Le signifiant est quelque chose qui est incarné dans le langage. Il se trouve qu’il y a une espèce qui a su aboyer d’une façon telle qu’un son, en tant que signifiant, est différent d’un autre. Olivier Flournoy m’a dit avoir publié un texte de Spitz. Lisez son De la naissance à la parole pour tacher de voir enfin comment s’éveille la relation à l’aboiement. Il y a un abîme entre cette relation à l’aboiement et le fait qu’à la fin, l’être humilié, l’être humus, l’être humain, l’être comme vous voudrez l’appeler – il s’agit de vous, de vous et moi –, que l’être humain arrive à pouvoir dire quelque chose. Non seulement à pouvoir le dire, mais encore ce chancre que je définis d’être le langage, parce que je ne sais pas comment autrement l’appeler, ce chancre qu’est le langage, implique dès le début une espèce de sensibilité.
J’ai très bien vu de tout petits enfants, ne serait-ce que les miens. Le fait qu’un enfant dise peut-être, pas encore, avant qu’il soit capable de vraiment construire une phrase, prouve qu’il y a en lui quelque chose, une passoire qui se traverse, par où l’eau du langage se trouve laisser quelque chose au passage, quelques détritus avec lesquels il va jouer, avec lesquels il faudra bien qu’il se débrouille. C’est ça que lui laisse toute cette activité non réfléchie – des débris, auxquels, sur le tard, parce qu’il est prématuré, s’ajouteront les problèmes de ce qui va l’effrayer. Grâce à quoi il va faire la coalescence, pour ainsi dire, de cette réalité sexuelle et du langage.
Permettez-moi d’avancer ici quelques équations timides, à propos de ce que j’ai avancé dans mes Écrits comme la signification du phallus, ce qui est une très mauvaise traduction pour Die Bedeutung des Phallus.
Il est surprenant que la psychanalyse n’ait pas donné là la moindre stimulation à la psychologie. Freud a tout fait pour cela, mais, bien entendu, les psychologues sont sourds. Cette chose n’existe que dans le vocabulaire des psychologues – une psyché comme telle accolée à un corps. Pourquoi diable, c’est le cas de le dire, pourquoi diable l’homme serait-il double ? Qu’il ait un corps recèle suffisamment de mystères, et Freud, frayé par la biologie, a assez bien marqué la différenciation du soma et du germen. Pourquoi diable ne pas nettoyer notre esprit de toute cette psychologie à la manque, et ne pas essayer d’épeler ce qu’il en est de la Bedeutung du phallus ? J’ai dû traduire par signification, faute de pouvoir donner un équivalent. Bedeutung est différent de Sinn, de l’effet de sens, et désigne le rapport au réel. Pourquoi, depuis que la psychanalyse existe, les questions n’ont-elles pas été posées au niveau de ceci ? Pourquoi est-ce que ce soi-disant être, pourquoi est-ce que ce (14)se jouis est-il apparu sur ce qu’on appelle la terre ? Nous nous imaginons que c’est un astre privilégié sous ce prétexte qu’il y existe l’homme, et d’une certaine façon, c’est vrai – à cette seule condition qu’il n’y ait pas d’autres mondes habités.
Est-ce qu’il ne vous vient pas à l’esprit que cette « réalité sexuelle », comme je m’exprimait tout à l’heure, est spécifiée dans l’homme de ceci, qu’il n’y a, entre l’homme mâle et femelle, aucun rapport instinctuel ? Que rien ne fasse que tout homme – pour désigner l’homme par ce qui lui va assez bien, étant donné qu’il imagine l’idée du tout naturellement – que tout homme n’est pas apte à satisfaire toute femme ? Ce qui semble bien être la règle pour ce qui est des autres animaux. Évidemment, ils ne satisfont pas toutes les femelles, mais il s’agit seulement d’aptitudes. L’homme – puisqu’on peut parler de l’homme, l apostrophe –, il faut qu’il se contente d’en rêver. Il faut qu’il se contente d’en rêver parce qu’il est tout à fait certain que, non seulement il ne satisfait pas toute femme, mais que La femme – j’en demande pardon aux membres peut-être ici présentes du M.L.F. –, La femme n’existe pas. Il y des femmes, mais La femme, c’est un rêve de l’homme.
Ce n’est pas pour rien qu’il ne se satisfait que d’une, voire de plusieurs femmes. C’est parce que pour les autres, il n’en a pas envie. Il n’en a pas envie pourquoi ? Parce qu’elles ne consonnent pas, si je puis m’exprimer ainsi, avec son inconscient.
Ce n’est pas seulement qu’il n’y a pas La femme – La femme se définit d’être ce que j’ai épinglé déjà bien avant et que je répète pour vous – du pas toute. Cela va plus loin, et ce n’est pas de l’homme que cela vient, contrairement à ce que croient les membres du M.L.F., c’est d’elles-mêmes. C’est en elles-mêmes qu’elles sont pas toutes. À savoir qu’elles ne prêtent pas à la généralisation. Même, je le dis là entre parenthèses, à la généralisation phallocentrique.
Je n’ai pas dit que la femme est un objet pour l’homme. Bien au contraire, j’ai dit que c’était quelque chose avec quoi il ne sait jamais se débrouiller. En d’autres termes, il ne manque jamais de s’embrouiller les pattes en en abordant une quelconque – soit parce qu’il s’est trompé, soit parce que c’est justement celle-là qu’il lui fallait. Mais il ne s’en aperçoit jamais qu’après coup.
C’est un des sens de l’après-coup dont j’ai parlé à l’occasion, et qui a été si mal relayé dans le fameux et éternel Vocabulaire de la psychanalyse par quoi Lagache a là gâché la psychanalyse toute entière. Bon, enfin, ce n’est déjà pas si mal, n’exagérons pas. La seule chose qui l’intéressait probablement, c’était de lagacher ce que je disais. Après tout, pourquoi ne lagacherait-on pas ?
Je ne suis pas absolument sûr d’avoir raison en tout. Non seulement je n’en suis pas sûr, mais j’ai bien l’attitude freudienne. (16)Le prochain truc qui me fera réviser à l’occasion tout mon système, je ne demanderais pas mieux que de le recueillir. Tout ce que je peux dire, c’est que, grâce sans doute à ma connerie, ce n’est pas encore arrivé.
Voilà. Maintenant, je vous laisserai la parole.
Je serais content, après ce jaspinage, de savoir ce que vous en avez retiré.

Réponses

Dr J. L. – Pour encourager quiconque qui aurait une question à poser, je voudrais vous dire que quelqu’un qui avait à prendre un train, je ne sais pour où…

– Pour Lausanne.

– Vous savez qui c’est ?

– Le Dr Bovet.

Dr J. L. – C’est un nom qui ne m’est pas inconnu. Le Dr Bovet m’a posé une question que je trouve très bonne, façon de parler. Jusqu’à quel point, m’a-t-il dit, vous prenez-vous au sérieux ? Ce n’est pas mal, et j’espère que cela va vous encourager. C’est le genre de question dont je me fous. Continuer au point d’en être à la vingt deuxième année de mon enseignement, implique que je me prends au sérieux. Si je n’ai pas répondu, c’est qu’il avait un train à prendre. Mais j’ai tout de même déjà répondu à cette question, implicitement, en identifiant le sérieux avec la série. Une série mathématique, qu’elle soit convergente ou divergente, cela veut dire quelque chose. Ce que j’énonce est tout à fait de cet ordre. J’essaie de serrer de plus en plus près, de faire une série convergente. Est-ce que j’y réussis ? Naturellement, quand on est captivé… Mais même une série divergente a de l’intérêt, à sa façon, elle converge aussi – ceci pour les personnes qui auraient quelque idée des mathématiques. Puisqu’il s’agit du Dr Bovet, qu’on lui transmette cette réponse.

Dr Cramer – Vous avez dit, si je vous ai bien suivi, que c’est la mère qui parle à l’enfant, mais encore faut-il que l’enfant l’entende. C’est sur ce « encore faut-il que l’enfant l’entende » que j’aimerais vous poser une question.

Dr J. L. – Oui !

– Qu’est-ce qui fait qu’un enfant peut entendre ? Qu’est-ce qui fait que l’enfant est réceptif à un ordre symbolique que lui enseigne la mère, ou que lui apporte la mère ? Est-ce qu’il y a là quelque chose d’immanent dans le petit homme ?

Dr J. L. – Dans ce que j’ai dit, il me semble que je l’impliquais. L’être que j’ai appelé humain est essentiellement un être parlant.

– Et un être qui doit pouvoir aussi entendre.

Dr J. L. – Mais entendre fait partie de la parole. Ce que j’ai évoqué concernant le peut-être, le pas encore, on pourrait citer d’autres exemples, prouve que la résonance de la parole est quelque (17)chose de constitutionnel. Il est évident que cela est lié à la spécificité de mon expérience. À partir du moment où quelqu’un est en analyse, il prouve toujours qu’il a entendu. Que vous souleviez la question qu’il y ait des êtres qui n’entendent rien est suggestif certes, mais difficile à imaginer. Vous me direz qu’il y a des gens qui peuvent peut-être n’entendre que le brouhaha, c’est à dire que ça jaspine tout autour.

– Je pensais aux autistes, par exemple. Ce serait un cas où le réceptacle n’est pas en place, et où l’entendre ne peut pas se faire.

Dr J. L. – Comme le nom l’indique, les autistes s’entendent eux-mêmes. Ils entendent beaucoup de choses. Cela débouche même normalement sur l’hallucination, et l’hallucination a toujours un caractère plus ou moins vocal. Tous les autistes n’entendent pas des voix, mais ils articulent beaucoup de choses, et ce qu’ils articulent, il s’agit justement de voir d’où ils l’ont entendu. Vous voyez des autistes ?

– Oui.

Dr J. L. – Alors, que vous en semble, des autistes, à vous ?

– Que précisément ils n’arrivent pas à nous entendre, qu’ils restent coincés.

Dr J. L. – Mais c’est tout à fait autre chose. Ils n’arrivent pas à entendre ce que vous avez à leur dire en tant que vous vous en occupez.

– Mais aussi que nous avons de la peine à les entendre. Leur langage reste quelque chose de fermé.

Dr J. L. – C’est bien justement ce qui fait que nous ne les entendons pas. C’est qu’ils ne vous entendent pas. Mais enfin, il y a sûrement quelque chose à leur dire.

– Ma question allait un peu plus loin. Est-ce que le symbolique – et là je vais employer un courtcircuitage – ça s’apprend ? Est-ce qu’il y a en nous quelque chose dès la naissance qui fait qu’on est préparé pour le symbolique, pour recevoir précisément le message symbolique, pour l’intégrer ?

Dr J. L. – Tout ce que j’ai dit l’impliquait. Il s’agit de savoir pourquoi il y a quelque chose chez l’autiste, ou chez celui qu’on appelle schizophrène, qui se gèle, si on peut dire. Mais vous ne pouvez dire qu’il ne parle pas. Que vous ayez de la peine à entendre, à donner sa portée à ce qu’ils disent, n’empêche pas que ce sont des personnages finalement plutôt verbeux.

– Est-ce que vous concevez que le langage n’est pas seulement verbal, mais qu’il y a un langage qui n’est pas verbal ? Le langage des gestes, par exemple.

Dr J. L. – C’est une question qui a été soulevée il y a très longtemps par un nommé Jousse, à savoir que le geste précéderait la parole. Je crois qu’il y a quelque chose de spécifique dans la parole. La structure verbale est tout à fait spécifique, et nous en avons un témoignage dans le fait que ceux qu’on appelle les sourds-muets sont capables d’un type de gestes qui n’est pas du tout le geste expressif comme tel. Le cas des sourds-muets est (18)démonstratif de ceci qu’il y a une prédisposition au langage, même chez ceux qui sont affectés de cette infirmité – le mot infirmité me paraît là tout à fait spécifique. Il y a le discernement qu’il peut y avoir quelque chose de signifiant comme tel. Le langage sur les doigts ne se conçoit pas sans une prédisposition à acquérir le signifiant, quelle que soit l’infirmité corporelle. Je n’ai pas du tout parlé tout à l’heure de la différence entre le signifiant et le signe.

O. Flournoy – Je crois que Mr Auber serait heureux si vous pouviez élaborer éventuellement un peu la différence que vous venez de mentionner.

Dr J. L. – Cela nous mène très loin, à la spécificité du signifiant. Le type du signe est à trouver dans le cycle de la manifestation qu’on peut, plus ou moins à juste titre, qualifier d’extérieur. C’est pas de fumée sans feu. Que le signe soit tout de suite happé comme ceci – s’il y a du feu, c’est qu’il y a quelqu’un qui le fait. Même si on s’aperçoit après coup que la forêt flambe sans qu’il y ait de responsable. Le signe verse toujours, tout de suite, vers le sujet et vers le signifiant. Le signe est tout de suite happé comme intentionnel. Ce n’est pas le signifiant. Le signifiant est d’emblée perçu comme le signifiant.

– Dans la suite de ce qu’on a dit, vous avez eu des phrases que j’ai trouvé très belles sur la femme. Telle que « La femme n’existe pas, il y a des femmes. La femme est un rêve de l’homme ».

Dr J. L. – C’est un rêve parce qu’il ne peut pas faire mieux.

– Ou encore : « La femme est ce avec quoi l’homme ne sait jamais se débrouiller ». Il me semble que dans le titre de votre conférence on parlait de symptôme, et j’ai eu l’impression finalement que la femme, c’est le symptôme de l’homme.

Dr J. L. – Je l’ai dit en toute lettre dans mon séminaire.

– Peut-on dire réciproquement que l’homme est le symptôme de la femme ? Est-ce que cela signifie que chez la fillette et le petit garçon, le message que la mère va transmettre, le message symbolique, signifiant, va être reçu de la même chose, parce que c’est la mère qui le transmet, soit à la fille soit au garçon ? Y a-t-il une réciprocité ou une différence à laquelle on n’échappe pas ?

Dr J. L. – Il y a sûrement une différence, qui tient à ceci que les femmes comprennent très bien que l’homme est un drôle d’oiseau. Il faut juger cela au niveau des femmes analystes. Les femmes analystes sont les meilleures. Elles sont meilleures que l’homme analyste.

– Quel est finalement ce rapport avec le signifiant qui a l’air d’être quelque chose de trans-sexuel, bisexuel ?

M. X. – Les femmes sont meilleures analystes, meilleures en quoi ? Meilleures comment ?

Dr J. L. – Il est clair qu’elles sont beaucoup plus actives. Il n’y a pas beaucoup d’analystes qui aient témoigné qu’ils comprenaient quelque chose. Les femmes s’avancent. Vous n’avez qu’à voir Melanie Klein. Les femmes y vont, et elles y vont avec un (19)sentiment tout à fait direct de ce qu’est le bébé dans l’homme. Pour les hommes, il faut un rude brisement.

M. X. – Les hommes ont aussi envie d’avoir un bébé.

Dr J. L. – De temps en temps, ils ont envie d’accoucher, c’est vrai. De temps en temps, il y a des hommes qui, pour des raisons qui sont toujours très précises, s’identifient à la mère. Ils ont envie, non seulement d’avoir un bébé, mais de porter un bébé, cela arrive couramment. Dans mon expérience analytique, j’en ai cinq ou six cas tout à fait clairs, qui étaient arrivés à le formuler.

M. Vauthier – Comme analyste, avez-vous eu l’occasion de toucher de près de grands patients psychosomatiques ? Quelle est la position du signifiant par rapport à eux ? Quelle est leur position par rapport à leur accession au symbolique ? On a l’impression qu’ils n’ont pas touché au registre symbolique, ou on ne sait pas comment l’accrocher. J’aimerais savoir si dans votre manière de poser le problème, vous avez une formule qui puisse s’appliquer à ce genre de patients ?

Dr J. L. – Il est certain que c’est dans le domaine le plus encore inexploré. Enfin, c’est tout de même de l’ordre de l’écrit. Dans beaucoup de cas nous ne savons pas le lire. Il faudrait dire ici quelque chose qui introduirait la notion d’écrit. Tout se passe comme si quelque chose était écrit dans le corps, quelque chose qui est donné comme une énigme. Il n’est pas du tout étonnant que nous ayons ce sentiment comme analystes.

– Mais comment leur faire parler ce qui est écrit ? Là, il me semble qu’il y a une coupure.

Dr J. L. – C’est tout à fait vrai. Il y a ce que les mystiques appellent la signature des choses, ce qu’il y a dans les choses qui peut se lire. Signatura ne veut pas dire signum, n’est-ce pas ? Il y a quelque chose à lire devant quoi, souvent, nous nageons.

M. Nicolaïdis – Est-ce qu’on peut dire peut-être que le psychosomatique s’exprime avec un langage hiéroglyphique, tandis que le névrosé le fait avec un langage alphabétique ?

Dr J. L. – Mais ça, c’est du Vico.

– On est toujours le second.

Dr J. L. – Bien sûr qu’on est toujours le second. Il y a toujours quelqu’un qui a dit.

– Pourtant, il n’a pas parlé de psychosomatique.

Dr J. L. – Vico ? Sûrement pas. Mais enfin, prenons les choses par ce biais. Oui, le corps considéré comme cartouche, comme livrant le nom propre. Il faudrait avoir de l’hiéroglyphe une idée un peu plus élaborée que n’a Vico. Quand il dit hiéroglyphique, il ne semble pas avoir – j’ai lu la Scienza nuova – des idées très élaborées pour son époque.

O. Flournoy – J’aimerais que nos compagnes prennent la parole. Mme Rossier. Que le dialogue inter-sexuel s’engage.

Mme Rossier – Je voulais dire que lorsque vous avez parlé, évoquant les psychosomatiques, de quelque chose d’écrit, j’ai compris des cris, (20)le cri. Et je me suis demandé si l’inscription dans le corps des psychosomatiques ne ressemble pas plus à un cri qu’à une parole, et c’est pour cela que nous avons tant de peine à le comprendre. C’est un cri répétitif, mais peu élaboré. Je ne penserais pas du tout au hiéroglyphe, qui me semble déjà beaucoup trop compliqué.

Dr J. L. – C’est plutôt compliqué, un malade psychosomatique, et cela ressemble plus à un hiéroglyphe qu’à un cri.

O. Flournoy – Et pourtant, un cri est diablement difficile à traduire.

Dr J. L. – Ça c’est vrai.

M. Vauthier – On accorde toujours un signifiant à un cri. Tandis qu’au psychosomatique, on aimerait bien pouvoir lui accorder un signifiant.

Dr J. L. – Freud parle du cri à un moment. Il faudrait que je vous le retrouve. Il parle du cri, mais cela tombe à plat.

Mme Y. – La différence entre le mot écrit et le mot parlé ? Vous avez l’air de penser quelque chose à ce sujet.

Dr J. L. – Il est certain qu’il y a là, en effet, une béance tout à fait frappante. Comment est-ce qu’il y a une orthographe ? C’est la chose la plus stupéfiante du monde, et qu’en plus ce soit manifestement par l’écrit que la parole fasse sa trouée, par l’écrit et uniquement par l’écrit, l’écrit de ce qu’on appelle les chiffres, parce qu’on ne veut pas parler des nombres. Il y a là quelque chose qui est de l’ordre de ce que l’on posait tout à l’heure comme question – de l’ordre de l’immanence. Le corps dans le signifiant fait trait, et trait qui est un Un. J’ai traduit le Einziger Zug que Freud énonce dans son écrit sur l’identification, par trait unaire. C’est autour du trait unaire que pivote toute la question de l’écrit. Que le hiéroglyphe soit égyptien ou chinois, c’est à cet égard la même chose. C’est toujours d’une configuration du trait qu’il s’agit. Ce n’est pas pour rien que la numération binaire ne s’écrit rien qu’avec des 1 et des 0. La question devrait se juger au niveau de – quelle est la sorte de jouissance qui se trouve dans le psychosomatique ? Si j’ai évoqué une métaphore comme celle du gelé, c’est bien parce qu’il y a certainement cette espèce de fixation. Ce n’est pas pour rien non plus que Freud emploie le terme de Fixierung – c’est parce que le corps se laisse aller à écrire quelque chose de l’ordre du nombre.

M.Vauthier – Il y a quelque chose de paradoxal. Quand on a l’impression que le mot jouissance reprend un sens avec un psychosomatique, il n’est plus psychosomatique.

Dr J. L. – Tout à fait d’accord. C’est par ce biais, c’est par la révélation de la jouissance spécifique qu’il a dans sa fixation qu’il faut toujours viser à aborder le psychosomatique. C’est en ça qu’on peut espérer que l’inconscient, l’invention de l’inconscient, puisse servir à quelque chose. C’est dans la mesure où ce que nous espérons, c’est de lui donner le sens de ce dont il s’agit. Le psychosomatique est quelque chose qui est tout de même, (21)dans son fondement, profondément enraciné dans l’imaginaire.

M. Z. – Soll Ich werden, vous avez plus ou moins transcrit avec le travail de « il est pensé ». Je pense au discours de l’obsessionnel qui pense, qui repense, qui cogite, qui en tous cas arrive lui aussi au « il est pensé ». Le « il est pensé », peut-on le comprendre aussi comme « dépensé », dans le sens ou le « dé » veut dire de haut en bas, démonter, désarticuler, et finalement faire tomber la statue ? Peut-on conjoindre le « dépensé » au « il est pensé » ?

Dr J. L. – Cela a le plus grand rapport avec l’obsession. L’obsessionnel est très essentiellement quelqu’un qui est pense. Il est pense avarement. Il est pense en circuit fermé. Il est pense pour lui tout seul. C’est par les obsessionnels que cette formule m’a été inspirée. Vous en avez très bien reconnu l’affinité avec l’obsessionnel, car je ne l’ai pas dit.

Mme Vergopoulo – Il y a quelque chose qui m’a frappée dans le séminaire, par rapport au temps. Le concept est le temps de la chose. Dans le cadre du transfert, vous dites que la parole n’a que valeur de parole, qu’il n’y a ni émotion, ni projection, ni déplacement. Je dois dire que je n’ai pas très bien compris ce qu’est le sens de la parole dans le transfert ?

Dr J. L. – Sur quoi visez-vous à obtenir une réponse ? Sur le rapport du concept avec le temps ?

– Sur le rapport de la parole ancienne avec la parole actuelle. Dans le transfert, si l’interprétation vise juste, c’est parce qu’il y a une coïncidence entre la parole ancienne et la parole actuelle.

Dr J. L. – Il faut bien que de temps en temps, je m’exerce à quelque chose de tentatif. Que le concept soit le temps est une idée hégélienne. Mais il se trouve que, dans une chose qui est dans mes Écrits, sur le Temps logique et l’assertion de certitude anticipée, j’ai souligné la fonction de la hâte en logique, à savoir qu’on ne peut pas rester en suspens puisqu’il faut à un moment conclure. Je m’efforce là de nouer le temps à la logique elle-même. J’ai distingué trois temps, mais c’est un peu vieillot, j’ai écrit cela il y a longtemps, tout de suite après la guerre. Jusqu’à un certain point, on conclut toujours trop tôt. Mais ce trop tôt est simplement l’évitement d’un trop tard. Cela est tout à fait lié au fin fond de la logique. L’idée du tout, de l’universel, est déjà en quelque sorte préfiguré dans le langage. Le refus de l’universalité est esquissé par Aristote, et il le rejette, parce que l’universalité est l’essentiel de sa pensée. Je puis avancer avec une certaine vraisemblance que le fait qu’Aristote le rejette est l’indice du caractère en fin de compte non nécessité de la logique. Le fait est qu’il n’y a de logique que chez un vivant humain.

M. Melo – Dans votre première réponse, vous êtes parti du mot sérieux, et vous êtes arrivé à la notion de série. J’ai été très frappé de voir comment nous avons réagi à ce mot série, en alignant une série de malades les uns après les autres. Il y a eu l’autiste, l’obsessionnel, le psychosomatique, et il y a eu la femme. Cela m’a amené à penser au fait (22)que vous étiez venu nous parler, et que nous étions venus vous écouter.
Voici ma question. Ne pensez-vous pas qu’entre transfert et contre-transfert, il y a réellement une différence qui se situe au niveau du pouvoir ?

Dr J. L. – C’est tout de même très démonstratif, que le pouvoir ne repose jamais sur la force pure et simple. Le pouvoir est toujours un pouvoir lié à la parole. Il se trouve qu’après avoir seriné des choses très longtemps, j’attire du monde par mon jaspinage qui, évidemment, n’aurait pas ce pouvoir s’il n’était pas sérié, s’il ne convergeait pas quelque part. C’est tout de même un pouvoir d’un type très particulier. Ce n’est pas un pouvoir impératif. Je ne donne d’ordre à personne. Mais toute la politique repose sur ceci, que tout le monde est trop content d’avoir quelqu’un qui dit En avant marche – vers n’importe où, d’ailleurs. Le principe même de l’idée de progrès, c’est qu’on croit à l’impératif. C’est ce qu’il y a de plus originel dans la parole, et que j’ai essayé de schématiser – vous le trouverez dans un texte qui s’appelle Radiophonie, et que j’ai donné je ne sais plus où. Il s’agit de la structure du discours du maître. Le discours du maître est caractérisé par le fait qu’à une certaine place, il y a quelqu’un qui fait semblant de commander. Ce caractère de semblant – « D’un discours qui ne serait pas du semblant » a servi de titre à un de mes séminaires – est tout à fait essentiel. Qu’il y ait quelqu’un qui veuille bien se charger de cette fonction du semblant, tout le monde en est en fin de compte ravi. Si quelqu’un ne faisait pas semblant de commander, où irions-nous ? Et par un véritable consentement fondé sur le savoir qu’il faut qu’il y ait quelqu’un qui fait semblant, ceux qui savent marchent comme les autres. Ce que vous venez là de saisir avec une certaine façon de prendre vos distances, c’est ce que vous évoquez d’une ombre de pouvoir.

O. Flournoy – Encore une question dans la série qu’a mentionné le Dr Melo. À propos de la psychose, vous avez introduit le terme de forclusion qu’on emploie sans savoir très bien ce qu’il recouvre. Je me suis demandé en vous écoutant si chez le psychotique, ce qui est forclos, c’est la jouissance. Mais est-ce qu’il s’agit d’une vraie forclusion, ou est-ce qu’il s’agit d’un semblant de forclusion ? Autrement dit, la psychanalyse peut-elle atteindre un psychotique, ou pas ?

Dr J. L. – C’est une très jolie question. Forclusion du Nom-du-Père. Ça nous entraîne à un autre étage, l’étage où ce n’est pas seulement le Nom-du-Père, où c’est aussi le Père-du-Nom. Je veux dire que le père, c’est celui qui nomme. C’est très bien évoqué dans la Genèse, où il y a toute cette singerie de Dieu qui dit à Adam de donner un nom aux animaux. Tout se passe comme s’il y avait là deux étages. Dieu est supposé savoir quels noms ils ont, puisque c’est lui qui les a créés, soi-disant, et puis tout se passe comme si Dieu voulait mettre à l’épreuve l’homme, et voir s’il sait le singer.
Il y a là-dessus des histoires dans Joyce – Jacques Auber (23)doit très bien savoir à quoi je fais allusion, n’est-ce pas ? Celui qui, le premier, dira gou à la gouse, dira oua à la oua. Il est manifeste que dans le texte, tout implique que l’homme est mis dans une position grotesque. Moi, je serais assez porté à croire que, contrairement à ce qui choque beaucoup de monde, c’est plutôt les femmes qui ont inventé le langage. D’ailleurs, la Genèse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent – c’est-à-dire avec le phallus. Elles parlent avec le phallus d’autant plus qu’alors pour elles, c’est hétéro.
Quoique ce soit l’un de mes rêves, on peut tout de même se poser la question – comment est-ce qu’une femme a inventé ça ? On peut dire qu’elle y a intérêt. Contrairement à ce qu’on croit, le phallocentrisme est la meilleurs garantie de la femme. Il ne s’agit que de ça. La Vierge Marie avec son pied sur la tête du serpent, cela veut dire qu’elle s’en soutient. Tout cela a été imaginé, mais d’une façon essoufflée. On peut le dire sans le moindre sérieux, puisqu’il faut quelqu’un d’aussi dingue que Joyce pour remettre ça.
Lui savait très bien que ses rapports avec les femmes étaient uniquement sa propre chanson. Il a essayé de situer l’être humain d’une façon qui n’a qu’un mérite, c’est de différer de ce qui en a été énoncé précédemment. Mais en fin de compte, tout ça, c’est du ressassage, c’est du symptôme.
Ce à quoi je suis le plus porté, c’est-à-dire que c’est la dimension humaine à proprement parler. C’est pourquoi j’ai parlé de Joyce-le-sinthôme, comme ça, d’un seul trait.


[1]. La transcription d’un moment de la conférence fait ici défaut.

I. la bedeutung del falo. II. el cartucho.


I. Sobre la bedeutung del falo.



En OU PIRE... o peor, lacan respecto de este término bedeutung (denotación) del falo, dice:

"Die Bedeutung sin embargo estaba referido al uso, al uso que Frege hace de esta palabra para oponerla al término de Sinn, el que responde muy exactamente a lo que he creído tener que recordarles al nivel de mi enunciado de hoy, a saber el sentido, el sentido de una proposición. Se podría expresar de otro modo, y ustedes verán que no es incompatible, lo que respecta a la necesidad que conduce a este arte de producirla como necesidad de discurso. Se lo podría expresar de otro modo: ¿qué se necesita para que una palabra denote algo?. Tal es el sentido, pongan atención, menudas permutaciones comienzan, tal es el sentido que Frege da a Bedeutung: la denotación." Clase 4, 19 de enero de 1972.

y
en La lógica del fantasma, seminario 14 dice: "La esencia de la castración es lo que, en esta otra relación de ocultación y de eclipse, se manifiesta en esto: que la diferencia sexual no se soporta más que de la Bedeutung de algo que falta bajo el aspecto del falo."

y

en la conferencia de ginebra, 1975 dice:

" Bedeutung es diferente de Sinn, del efecto de sentido, y designa la relación con lo real."

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Podemos concluir por el momento, con base en estas citas que el falo denota una ausencia y esa es su significación, casi que sería más que significación su función.

Quizá por esto es que en el seminario de la angustia Lacan dice: que la falta no falte.

Pues es de la falta que la vida se soporta en la creación.
Cuando la falta, -esta ausencia (asumiendo que esta ausencia equivale a la falta)- falta, se produce el síntoma que es como cuando un engranaje que circula está atascado por algo que lo perturba y chirrea, esto es,  insiste en hacerse saber, lo cual es ya del deseo por definición, ese insistir en la repetición que es el sintoma, es la manifestación de lo que está atascado, del bloqueo naturalmente. El deseo puesto como goce en la repetición, insiste en hacerse saber. Hacerse saber esto es: por una parte repite, insiste, chirrea para darse a conocer en el sintoma, y por otra parte, quiere convertirse en un saber.

Este insistir es de lo que goza (de manera mortífera) el sujeto, goza de la repetición de un atascado, de lo  que perturba en un sin fin que impide la vida generando en lo manifiesto, malestar y sufrimiento, aunque en lo latente -por seguir los términos y el pensamiento freudiano- goza, goza como los niños cuando quieren que se les de más y más vueltas en el juego.

es la relación que hay entre síntoma, goce y falta, es decir entre repetición, deseo y falo.

por eso toca con lo real. esto es lo real.

en qué nos ayuda esta conclusión respecto del niño autista  que vamos estudiando a partir de la obra de Jean-Baptiste BEAUFILS?

en los niños autistas, la repetición en su "agir", escribe y escribe, insiste en escribir una letra, insiste en hacerse oir y ser sabido a través de la inscripción en un significante forcluido quizá, la ausencia justamente, lo que falta, lo fálico?.


fotrografía:
 El número de niños autistas ha aumentado enormemente en una década, y esto interpela.



II. cartouche y marbete.

queriendo encontrar la referencia que JBB cita en su texto sobre la teoría del cartucho, cuando menciona el cartucho egipcio y el lacaniano y encontrando que se trataba de la conferencia de ginebra, la estudié según el texto en español que proviene de uno de los cd de obras completas. No encontré cartucho por ninguna parte, me fui a buscar entonces en la conferencia en Francés, y voilà...:

en español en la conferencia de ginebra sobre el síntoma, 1975  el párrafo dice :


"- Sin embargo, no habló de psicosomática.
- ¿Vico? Ciertamente no. Pero, en fin, tomemos las cosas por ese sesgo. Sí, el cuerpo considerado como marbete, como portando el nombre propio. Habría que tener de lo jeroglífico una idea un poco más elaborada que la que tenía Vico. Cuándo dice jeroglífico no parece tener –leí la Scienza nuova- ideas demasiado elaboradas para su época. "


en francés dice: 1975-10-04 CONFÉRENCE À GENÈVE SUR LE SYMPTÔME


"Dr J. L. – Vico ? Sûrement pas. Mais enfin, prenons les choses par ce biais. Oui, le corps considéré comme cartouche, comme livrant le nom propre. Il faudrait avoir de l’hiéroglyphe une idée un peu plus élaborée que n’a Vico. Quand il dit hiéroglyphique, il ne semble pas avoir – j’ai lu la Scienza nuova – des idées très élaborées pour son époque."


traduzco:

Dr. J.L -Vico ?  Seguramente no. Pero en fin, tomemos las cosas por esta vía. Sí, el cuerpo considerado como CARTUCHO, como librando (como cuando se libra una batalla, o entregando, como cuando uno se dedica a una tarea, o suministrando. Portando no está nada mal..) el nombre propio. Habría que tener del jeroglífico una idea un poco más elaborada que no tiene Vico. Cuando él dice jeroglifico no parece tener -leí la Scienzaa nuova - de las ideas muy elaboradas de su época.
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ok.

Bueno, el napolitano publicó su Scienzaa nuova  en 1725 y realmente vinieron avances en el estudio de los jeroglificos con el Francés Champollion cuando en 1822, 23 años luego de descubrir la piedra roseta, encuentra el modo de decifrar los jeroglíficos en ella inscritos.

Como quien dice, bueno... no tenía por qué haberse enterado del asunto..., el Dr Vico. A él le pasó como a nosotros. Mientras freud estaba en 1820 publicando sus primeras obras, aqui en medellín se estaba creando el "manicomio" y nada se sabía de Freud...! sólo más tarde con adivinen quién....!!  Fernando González el poeta de Envigado antioquia, allí cerquita a unos quince minutos de donde está el consultorio que los espera a todos, está la casa del primero por estas tierras, en ponerse a la tarea.

En fin, es curioso que en lugares distintos y tan lejanos se esté trabajando de uno u otro modo en las mismas cosas....! Así sucedía en los mitos....!

Ah! si fueramos realmente comunicativos y no chismosos... cuanto mejor!, pues nos colaboraríamos en pro de disfrutar y avanzar más pronto en estos saberes..., quizá y ahora sea más posible.. dadas las facilidades para comunicarnos....! Y si no, para la muestra un botón...

Estamos aquí en colombia, recibiendo lo que se está produciendo en Francia, casi que inmediatamente que se está produciendo; con el trabajo sobre los niños autistas y la teoría del cartucho por ejemplo y con la topología via los sueños del analista.

y sus autores nos acompañan aquí, aquí, en nuestro TOPSYLAC....!

Estos trabajos de JBB y RA, son formas de interpretar las cosas del psicoanálisis que han surgido a partir de la práctica analítica, es decir, del trabajo en torno las cosas de lo inconsciente y de lo humano surge, haciendo la tarea, nuestra tarea, aquella a la que nos dedicamos; surge alguna interpretación sobre la misma. Cada analista da cuenta de su propia interpretación, de su lectura propia.

Volviendo al asunto que nos ocupa, El Cartucho... tenemos:


cartucho egipcio  el redondelito que encierra unas figuras que representan imagenes que a su vez representan sonidos, palabras...


cartucho de la teoría del cartucho en JBB

el cuerpo.... como el redondel de los geroglifos que portan el nombre del rey, el rey Ptolomeo, el de la reina Cleopatra, etc...,  porta el nombre propio.

En análisis uno llega entre otros encuentros, al encuentro con el momento en que asumió esa frase, la que repitida reiteradamente a muy temprana edad, a fin de aprender su pronunciación, lo nombra.

mis nexos con la lengua francesa están en el punto en que me daba dificultad pronunciar (su) (lapsus) mi nombre, y mi gusto por las palabras que solo tienen consonantes, está ligado a ello así como el eso de queramos hacer las cosas....! hagámoslas...! no importa si son dificiles..., no importa si son ideales o elefantes blancos..., o simples, sencillas, pequeñas..., humildes, hagámoslas... no importa....! quizá de ahí, en el trabajar, surja otra cosa, la que tiene que surgir... porque emana de un saber no sabido y no por no sabido, menos gozado.

dejo el lapsus y lo analizo, "su nombre", el nombre de mi padre que está en mi nombre...!

qué tanto tiene que ver el asumir el nombre propio con el ingreso quizá en el edipo...?
amaba a ese hombre, amaba su nombre, y yo..... !portaba su nombre...! y me confundía con mi madre.... seguramente identificándome a ella para estar como ella al lado de él...!

ahora ya se han ido y yo sigo portando sus nombres....

bastante profundo... todo esto de lo humano...

qué pasa con las mujeres que portan el nombre de sus maridos.... sustituyendo el nombre del padre... en el momento en que se divorcian?

el asunto es más grave de lo que podamos imaginarnos.

y esto, aun cuando ahora no se use llevar legalmente el apellido del compañero sexual... pues, siempre se dirá..., mientras tengamos las creencias presentes, el modo como hasta ahora hemos organizado las relaciones de parentezco: "la mujer de fulano de tal" como quien dice "el síntoma de fulano de tal".

En suma:  lo que el falo denota y connota:

denota una ausencia sin la cual no habría vida en lo simbólico y connota la función de representar justamente, la falta.

Tiene un nexo con lo real del goce representado en el nombre propio.

este punto me recuerda un caso de RA  el de "ours" , Jacques Alours.

en fin, dejo por hoy en este punto,



Margarita MOSQUERA ZAPATA
Psicoanalista
Tel: 2817046 // 3168255369
Itagui, Antioquia, Colombia


jueves, 18 de octubre de 2012

J.L. El Síntoma Conferencia en Ginebra. 16 junio de 1975


El Síntoma
Conferencia en Ginebra
J. Lacan.  
 16 junio de 1975


No comenzaré sin agradecer a Olivier Flournoy el haberme invitado aquí, lo cual me brinda el privilegio de hablarles.
Me pareció que, dado el tiempo que hace que practico, les debía al menos un palabra de explicación -una palabra de explicación acerca del hecho de que primero practiqué y luego un día, me puse a enseñar.

No tenía verdaderamente necesidad alguna de enseñar. Lo hice en el momento en que se fundó lo que desde entonces se llama el Instituto psicoanalítico de Paris - fundado bajo el signo del acaparamiento por parte de alguien que, sabe Dios, no tenía demasiado derecho a desempeñar ese papel. Lo hice únicamente porque en ese momento, que era una crisis -era, en suma, la instauración de una especie de dictadura- una parte de esa gente, de esos psicoanalistas que salían de la guerra - les había tomado de todos modos ocho años salir de ella, pues esa fundación es de 1953- una parte me pidió que tome la palabra.

Había en ese entonces en Saint-Anne, un profesor de psiquiatría, luego académico, que me invitó allí. Había sido, supuestamente, él mismo psicoanalizado pero a decir verdad su Juventud de André Gide no da fe de ello y no estaba demasiado entusiasmado por desempeñar un papel en el psicoanálisis. Asimismo, al cabo de diez años estuvo por demás contento, no de despedirme, pues, fui más bien yo quien lo despidió, sino de verme partir.

En ese momento, una nueva crisis se declaraba, que se debía, Dios mío, a una suerte de aspiración, unida a una especie de ruido de agujero, que se hacía a nivel de la internacional. Esto es algo que Joyce, que está por el momento en el orden del día de mis preocupaciones, simboliza con la palabra inglesa suck -es el ruido que hace el tanque de agua en el momento en que es accionada y eso es englutido por el agujero.

Esta es una metáfora bastante adecuada de la función de esa Internacional tal como la quiso Freud. Hay que recordar que al pensar que luego de su desaparición, nada podía garantizar que su pensamiento fuese salvaguardado, sólo se la confió a su propia hija. No puede decirse, no es cierto, que la susodicha hija estuviese en la lírica de Freud mismo. Los mecanismos llamados de defensa que ella produjo, me parece que en absoluto son el testimonio de que ella estaba en el hilo justo de las cosas, lejos de ello.

Me encontré entonces comenzando en 1953 un seminario, al que algunos de ustedes, me dice Olivier Floureroy, asistieron. Ese seminario no es sino la recopilación que dejé en manos de alguien que se llama Jacques-Alain Miller, y que me es bastante próximo. Lo dejé en sus manos, dado que ese seminario estaba ya algo alejado de mí y dado que, si yo lo hubiese releído, lo habría re-escrito o, al menos, lo habría escrito a secas.

Escribir para nada es la misma cosa, no se parece en nada al decir, tal como se los ilustraré más adelante. Sucede que. durante la época en que estaba en Saint-Anne, quise que quedase algo de lo que yo decía. En esa época salía una revista en la que, hablando estrictamente, yo escribía. Recopilé cierto número de artículos aparecidos en dicha revista. Como también había escrito antes no pocas cosas, la mitad de esa recopilación está constituida por esos escritos previos -que son hablando estrictamente escritos, a ello se debe mi titulo, Escritos, muy sencillamente. Este titulo escandalizó un poco a una persona que se cuenta entre mis relaciones, que era una encantadora mujer joven, japonesa. Es probable que la resonancia de la palabra Escritos no sea la misma en japonés y en francés. Simplemente, mediante Escritos, quería señalar que era de algún modo el residuo de mi enseñanza.

En esa revista, la Psychanalyse, yo hacía, aproximadamente una vez por año, un escrito destinado a conservar algo del alboroto que había engendrado mi palabra, conservándolo en una construcción a la cual se podría remitir. Lo hacía con la intención de que eso, después de todo, hubiese podido servirme como referencia ante la Internacional. Obviamente, ésta se burla bastante de todos los escritos -y, después de todo, tiene razón, porque el psicoanálisis es algo muy diferente de los escritos. Sin embargo, no estaría mal quizá que el analista dé cierto testimonio de que sabe qué es lo que hace. Si hace algo, decir, no sería quizá excesivo espero que, de lo que hace, de testimonio de cierta manera.

Tampoco sería por demás excesivo esperar que en lo que hace, piense. Piense de tanto en tanto. Piense a veces. Esto no es absolutamente obligatorio. No doy al término de pensar una connotación de valor. Diré más incluso - si hay algo que propuse, es algo cuya naturaleza realmente reasegura al psicoanalista en lo que podría denominarse su automatismo. Pienso que el pensamiento es a fin de cuentas un enviscamiento. Y los psicoanalistas lo saben mejor que nadie. Es un enviscamiento en algo que especifiqué con lo que llamo lo imaginario y toda una tradición filosófica se percató de ello muy bien. Si el hombre - decirlo parece una banalidad- no tuviese lo que se llama un cuerpo, no voy a decir que no pensaría, pues esto es obvio, sino que no estaría profundamente capturado por la imagen de ese cuerpo.

El hombre está capturado por la imagen de su cuerpo. Este punto explica muchas cosas y, en primer término, el privilegio que tiene dicha imagen para él. Su mundo, si es que esta palabra tuviese algún sentido, su Umwelt, lo que lo rodea, él lo corpo-reifica, lo hace cosa a imagen de su cuerpo. No tiene la menor idea, ciertamente, de qué sucede en ese cuerpo. ¿Cómo sobrevive un cuerpo? No sé si esto les llama la atención aunque más no sea un poco - si ustedes se hacen un rasguño, pues bien, eso se arregla. Es tan sorprendente, ni más ni menos, que el hecho de que la lagartija que pierde su cola la reconstituya. Es exactamente del mismo orden.

Ese cuerpo adquiere su peso por la vía de la mirada, a la que hace un instante se refirió Olivier Flournoy. La mayoría - pero no todo- de lo que piensa el hombre se arraiga allí. Es verdaderamente muy difícil para un analista, considerando aquello que tiene que enfrentar, no ser aspirado - en el mismo sentido al que me referí recién- por el glu-glu de ese escape, de esa cosa que lo capta, a fin de cuentas, narcisísticamente en el discurso de aquél al que Olivier Flournoy denominó hace poco -lo lamento- el analizado. Lo lamento porque hace ya tiempo que el término el analizante, que proferí un día en mi seminario, ha adquirido derecho de ciudadanía. No solamente en mi Escuela - no le otorgaría a ello más que una importancia relativa, relativa a mí- sino que, ese analizante, produjo una suerte de efecto relampagueante la semana misma en que lo articulé. El Instituto Psicoanalítico de París, que está muy al día de todo lo que digo - diré más incluso, lo que digo es lo más importante de lo que ahí se enseña- ese Instituto se relame con ese analizante que le venía como anillo al dedo, aunque más no fuese para descargar al analista de ser el responsable, dado el caso, del análisis.

Debo decir que, cuando propuse dicha cosa, no había hecho más que parodiar - si me permiten la expresión, dado que toda una tradición es del orden de la parodia el término analysand, corriente en lengua inglesa. Ciertamente, no es estrictamente equivalente al francés. Analysand evoca más bien el debiendo-ser -analizado y esto no era para nada lo que yo quería decir. Lo que quería decir era que en el análisis, la que trabaja es la persona que llega verdaderamente a dar forma a una demanda de análisis. A condición de que ustedes no la hayan colocado de inmediato en el diván, caso en el cual la cosa está ya arruinada. Es indispensable que esa demanda verdaderamente haya adquirido forma antes de que la acuesten. Cuando le dicen que comience -y esto no debe suceder ni la primera ni la segunda vez, al menos si quieren comportarse dignamente-, la persona que hizo esa demanda de análisis, cuando comienza el trabajo, es ella quien trabaja. Para nada deben considerarla como alguien a quien ustedes deben moldear. Todo lo contrario. ¿Qué hacen ustedes allí? Esta pregunta es todo aquello por lo que me interrogo desde que comencé.

Comencé, Dios mío, diré - muy tontamente. Quiero decir que no sabía lo que hacía, como me lo probó lo que siguió -lo probó a mis ojos. ¿No habría acaso mirado más de una vez si hubiese sabido en que me comprometía? Esto me parece seguro. Precisamente por esta razón en último término, es decir, en el punto último al que llegué en la reanudación del año 1967, en octubre, instituí esa cosa que consiste en hacer que, cuando alguien se asume como analista, sólo él mismo puede hacerlo. Esta me parece una evidencia inicial.

Cuando alguien se asume como analista, es libre en esa especie de inauguración, que hice entonces y que llamé Proposición. Es libre, puede asimismo no hacerlo, pero también es libre de ofrecerse a esa prueba de venir a confiárselo - a confiárselo a gente que elegí expresamente por estar exactamente en el mismo punto que él.

Es evidente, en electo, que sí se va a dirigir a un veterano, a un titular, incluso como suele decirse a un didacta, podemos estar seguros de que su testimonio resultará completamente tergiversado. Porque, en primer término, sabe muy bien que el pobre cretino al que se dirige tiene ya tanta experiencia que no sabe absolutamente nada, al igual que yo, por qué se comprometió con esa profesión de analista. Yo me acuerdo de eso un poco y me vuelvo a aferrar a ella. Pero la mayoría lo ha olvidado totalmente. Sólo ven su posición de autoridad y, en esas condiciones, se intenta marcar el paso como aquél que time la autoridad, es decir, que muy sencillamente se miente.

Entonces, intenté que se dirijan siempre a personas que como ellos eran debutantes en la función de analista.

Pese a todo, conservé -siempre hay que cuidarse de innovar, ese no es mi estilo, nunca innové en nada- una suerte de jurado constituido con el consentimiento de todo el mundo. Nada es más llamativo que lo siguiente: si hacen elegir un jurado cualquiera, si hacen votar, mediante voto secreto, lo que sale es el nombre de gente perfectamente bien definida. La masa quiere líderes. Ya es bastante afortunado cuando no quiere a uno solo de ellos. Entonces. la masa que quiere líderes elige líderes que ya están ahí por el funcionamiento de las cosas. Ante ese jurado van a testimoniar quiénes recibieron el testimonio de aquellos que se quieren analistas.

En el espíritu de mi Proposición, esta operación se hace para aclarar qué pasa en ese momento. Es exactamente lo que nos dice Freud -cuando tenemos un caso, lo que se llama un caso, en análisis, nos recomienda no ponerlo por adelantado en un casillero. Quisiera que escuchásemos. si me permiten la expresión, con total independencia respecto a todos los conocimientos adquiridos por nosotros, que sintamos lo que enfrentamos, a saber, la particularidad de un caso. Es muy difícil, porque lo propio de la experiencia es preparar casillas. Nos es muy difícil, a nosotros analistas, hombres o mujeres, con experiencia, no juzgar acerca de ese caso que está funcionando y elaborando su análisis, de no recordar en relación a él otros casos. Cualquiera sea nuestra pretendida libertad -pues en esa libertad es imposible creer- resulta claro que no podemos barrer con lo que es nuestra experiencia. Freud insiste mucho al respecto y si esto fuese comprendido, daría quizá la vía hacia un modo harto diferente de intervención - pero no puede serlo.

Con este espíritu entonces quise que alguien que está al mismo nivel que aquel que franquea ese paso, dé testimonio. Es, en suma, para esclarecemos. Ocurre, cada tanto, que alguien dé un testimonio que tiene el carácter - eso, eso se reconoce de todos modos- de la autenticidad. Entonces, preví que a esa persona, se la incluya en el nivel en el que hay gente que se supone piensan en lo que hacen, de modo tal de hacer un triaje. ¿En qué se transformó de inmediato?

Ciertamente, se transformó en otro modo de selección. A saber, que una persona que testimonió con toda honestidad acerca de lo que hizo en su análisis llamado a posteriori didáctico, se siente objetada si, luego de ese testimonio, ella no forma parte de aquello mediante lo cual intenté ampliar en grupo de quienes son capaces de reflexionar un poco sobre lo que hacen. Se sienten depreciadas, aunque yo haga de todo para que ese no sea el caso. Intento explicarles qué nos aportó su testimonio acerca de cierta manera de entrar en el análisis después de haberse hecho formar a sí mismo de acuerdo con lo que es exigible. Lo exigible es, evidentemente, haber pasado por esa experiencia. ¿Cómo transmitirla si uno mismo no se sometió a ella? En fin, terminemos.
Quisiera evocar aquí la fórmula de Freud de Soll Icli Werden, a la que me dediqué más de una vez.

(ver nota 1)

¿Qué quiere decir Werden? Es muy difícil traducirlo. Va hacia algo. ¿Ese algo es el den? ¿ El Werden es un verdear? ¿Qué hay en el devenir alemán? Cada lengua tiene su genio y traducir Werden como devenir sólo tiene verdaderamente algún alcance en lo que ya hay de den en el devenir. Es algo del orden de la indigencia, si me permiten la expresión. La indigencia no es lo mismo que el desanudamiento o desenlace.(* nota 1) Pero dejemos esto en suspenso.

Aquello de lo que se trata es de calibrar la medida de el hecho que Freud - cosa muy sorprendente por parte de un hombre, tan verdaderamente un practicante- sólo valoro en el primer tiempo de su obra, en esa primera etapa que llega hasta 1914, antes de la primera guerra -en su Traumdeutung, en su Psicopatología de la vida llamada cotidiana y muy particularmente en su Chiste. Valoró lo siguiente, y lo sorprendente es que no lo haya palpado. que a su hipótesis del Unbewusstsein, del inconsciente, pues bien, si puede decirse, la nombró mal.

El inconsciente no es simplemente por ser no sabido. Freud mismo ya lo formula diciendo Bewusst. Aprovecho aquí la lengua alemana en la que puede establecerse una relación entre Bewusst y Wissen. En la lengua alemana lo consciente de la conciencia se formula como lo que verdaderamente es, a saber, el goce de un saber. Lo que Freud aportó es lo siguiente: no hay necesidad de saber que se sabe para gozar de un saber.

Acudamos, finalmente, a esa experiencia que hacemos todos los días. Si aquello de lo que hablamos es verdadero, si efectivamente se cristaliza en una etapa precoz para el niño lo que cabe llamar por su nombre, a saber los síntomas, si la época de la Infancia es efectivamente decisiva en ello, ¿cómo no relacionar este hecho con el modo en que analizamos los sueños y los actos fallidos? -no hablo de las agudezas, completamente fuera del alcance de los analistas, quienes naturalmente no tienen el más mínimo ingenio. Esto es de Freud, pero prueba que igualmente allí Freud debió percatarse que el enunciado de un acto fallido sólo adquiere valor por las explicaciones de un sujeto.

¿Cómo interpretar un acto fallido? Andaríamos a tientas, en la oscuridad más total, si el sujeto no dijese al respecto una o dos cositas, las cuales permiten decirle –Pero finalmente, cuando usted saco del bolsillo su llave para entrar en mi casa, la del analista, eso tiene de todos modos un sentido -y según cuánto haya avanzado, se le explicará a título diverso el sentido- ya sea debido al hecho de que cree estar en su casa o que desea estar en su casa o incluso, más aun, que el hecho de meter la llave en la cerradura prueba algo que hace al simbolismo de la cerradura y de la llave. El simbolismo de la Traumdeutung es exactamente del mismo tipo. ¿Qué son los sueños sino sueños relatados? Sólo en el proceso de su relato se lee lo que Freud llama su sentido. Cómo sostener una hipótesis como la del inconsciente - si no se ve que es la manera que tuvo el sujeto, si es que hay algún otro sujeto que aquél que está dividido, de estar impregnado, podría decirse, por el lenguaje.
Sabemos muy bien en el análisis la importancia que tuvo para un sujeto, vale decir, aquello que en ese entonces no era absolutamente nada, la manera en que fue deseado. Hay gente que vive bajo el electo, que durará largo tiempo en sus vidas, bajo el efecto del hecho de que uno de los dos padres - no preciso cuál de ellos- no lo deseó. Este es verdaderamente el texto de nuestra experiencia cotidiana.

Los padres modelan al sujeto en esa función que titulé como simbolismo. Lo que quiere decir, estrictamente. no que el niño sea el principio de un símbolo, sino que la manera en que le ha sido instilado un modo de hablar, no puede sino llevar la marca del modo bajo el cual lo aceptaron los padres. Sé muy bien que esto presenta toda suerte de variaciones y de aventuras. Incluso un niño no deseado, en nombre de un no sé qué que surge de sus primeros bullicios. puede ser mejor acojido más tarde. Esto no impide que algo conserve la marca del hecho de que el deseo no existía antes de cierta fecha.

¿Cómo hasta Freud pudo desconocerse hasta tal punto que esa gente, a la que se llama hombres, mujeres eventualmente, vive en el parloteo? Es curioso que gente que cree que piensa, no se percate que piensa con palabras. Hay, al respecto, trucos con los que hay que acabar, ¿no es cierto? La tesis de la Escuela de Würzburgo sobre la supuesta apercepción de no sé qué pensamiento sintético que no se articularía, es realmente la más delirante que haya producido nunca una escuela de pretendidos psicólogos. El hombre piensa con ayuda de las palabras. Y es en el encuentro entre esas palabras y su cuerpo dónde algo se esboza. Por otra parte, osaré decir al respecto el término de innato -¿sino hubiese palabras de qué podría testimoniar el hombre? Allí se ubica el sentido.

Traté como pude de revivir algo que no era mío, pero que ya había sido percibido por los antiguos estoicos. No hay razón alguna para pensar que la filosofía siempre haya sido tal como es para nosotros. En esa época la filosofía era un modo de vivir - un modo de vivir en relación al cual uno podía percatarse, mucho antes de Freud, que el lenguaje, ese lenguaje que no tiene absolutamente alguna existencia teórica, interviene siempre bajo la forma de una palabra que quise fuese lo más cercana posible a la palabra francesa lallation - laleo en castellano-, lalengua.

Los antiguos, desde la época de Esopo, se habían percatado perfectamente de que era absolutamente capital. Hay al respecto una fábula muy conocida, pero nadie se da cuenta de ello. Para nada es un azar que en lalengua, cualquiera sea ella, en la que alguien recibió una primera impronta, una palabra es equívoca. Ciertamente, no por azar en francés la palabra ne [no] se pronuncia de manera equivoca con la palabra noeud [nudo]. Para nada es un azar que la palabra pas [no] en francés, contrariamente a muchas otras lenguas, redoble la negación y designe también un paso. Si me intereso tanto en el pas esto no se debe a ningún azar. Esto no quiere decir que lalengua constituya en modo alguno un patrimonio. Es totalmente cierto que algo volverá a surgir luego en los sueños, en toda suerte de tropiezos, en toda suerte de maneras de decir, en función de la manera en que lalengua fue hablada y también escuchada por tal o cual en su particularidad. Es, si me permiten emplearlo por vez primera, en ese materialismo (nota 1 **) (materialismo de la palabra) dónde reside el asidero del inconsciente - quiero decir que es lo que hace que cada cual no haya encontrado otras maneras de sustentar lo que recién llamé el síntoma.

Lean un poco, esto y seguro que esto no les sucede muy a menudo, la Introducción al psicoanálisis, las Vorlesungen de Freud (nota topsy 2), Hay dos capítulos sobre el síntoma. Uno se llama Wege zur Symptom Bildung, es el capítulo 23, y se percatarán luego de que hay un capitulo 17 que se llama Der Sinn, el sentido de los síntomas. Si Freud aportó algo es esto. Que los síntomas tienen un sentido y que sólo se interpretan correctamente -correctamente quiere decir que el sujeto deje caer alguno de sus cabos- en función de sus primeras experiencias, a saber, en la medida en que encuentre lo que hoy llamaré, por no poder decir al respecto nada más ni nada mejor, la realidad sexual.

Freud insistió mucho al respecto. Creyó poder enfatizar especialmente el término de autoerotismo. en la medida en que el rano descubre primero esa realidad sexual en su propio cuerpo. Me permito - esto no me ocurre todos los días- no estar de acuerdo y no estarlo en nombre de la obra de Freud mismo.

Si estudian en detalle el caso Juanito, verán que lo que se manifiesta en él, lo que él llama su Wiwimacher - porque no sabe cómo llamarlo de otro modo- es lo que se introduce en su circuito. En otros términos, para llamar a las cosas tranquilamente por su nombre, tuvo sus primeras erecciones. Ese gozar primero se manifiesta, podría decirse, en cualquiera. Ciertamente, no es cierto, no es verdadero, sino verificado en todos. Pero justamente allí está la avanzada de lo que Freud aportó -basta con que esto sea verificado en algunos para que tengamos derecho a construir al respecto algo que tiene la más estrecha relación con el inconsciente. Pues, después de todo, es un hecho - el inconsciente fue un Invento de Freud. Un invento en el sentido en que es un descubrimiento vinculado al encuentro que tienen ciertos seres con su propia erección.
Llamamos así a eso, ser, pues no sabemos hablar de otro modo. Sería preferible prescindir de la palabra ser. En el pasado, algunos personas fueron sensibles a ello. Un cierto SantoTomás de Aquino – él también es un santo hombre e incluso un síntoma (nota 1***)  (nota 1 topsy)-escribió algo que se llama De ente et essentia. No puedo decir que les recomiendo su lectura, ya que ustedes no lo harán, pero es muy astuto. Si hay algo que se llama el inconsciente, eso quiere decir que no hay necesidad de saber qué se hace para hacerlo y para hacerlo sabiéndolo muy bien. Habrá quizá una persona que leerá ese De ente et essentia y se percatará de lo que ese santo hombre, ese síntoma (nota 1 ***), destila muy bien - el ser, eso no se atrapa tan fácilmente, ni tampoco la esencia.

No hay necesidad de saber todo eso. Sólo hay necesidad de saber que en ciertos seres, as¡ llamados, el encuentro con su propia erección no es autoerótico en lo más mínimo. Es de lo más helero que hay. Se dicen -¿Pero qué es eso? Y se lo dicen también, que el pobre Juanito sólo piensa en ese eso -lo encarna en objetos que son francamente externos, a saber, en ese caballo que plata, que da coces, que corcovea, que cae al suelo. Ese caballo que va y viene, que tiene cierto modo de deslizarse a lo largo de los andenes tirando de un carro, es totalmente lo más ejemplar para él de aquello que tiene que enfrentar y sobre lo cual no entiende nada, sin duda gracias al hecho de que tiene cierto tipo de madre y cierto tipo de padre. Su síntoma esta expresión, la significación de ese rechazo.

Ese rechazo no merece en lo más mínimo ser etiquetlado como autoerotismo, con el solo pretexto de que después de todo ese Wiwimacher lo tenga enganchado en algún lugar de su bajo vientre. El goce que resulta de ese Wiwimacher le es ajeno hasta el punto de estar en el principio de su fobia.

Fobia quiere decir que está amedrentado por él. La intervención del profesor Freud, mediatizada por el padre, no es más que una artimaña, cuyo único mérito es el de haber sido exitosa. Logrará que otro, a saber en esta ocasión su hermanita, soporte ese pequeño pene.

Abrevio aquí el caso Juanito. Tan sólo lo introduje, porque dado que son ustedes de una ignorancia absoluta, no veo por qué no improvisaré hoy. No me pondré a leerles todos los textos que preparé cuidadosamente para ustedes. Quiero simplemente tratar de hacer circular algo que sucedió, hacia fines del siglo pasado, en alguien que no era un genio, como suele decirse, sino, al igual que yo, un honesto imbécil.

Freud se percató de que había cosas que nadie podía decir que el sujeto hablante no las supiese sin saberlas. Esto es lo descollante del asunto. Por eso hablé del significante y de su efecto de significado. Naturalmente, con el significante no agoté para nada la pregunta. El significante es algo que está encarnado en el lenguaje. Resulta que hay una especie que supo aullar de manera tal que un sonido, en tanto que significante, es diferente de otro. Olivier Flournoy me dijo que publicó un texto de Spitz. Lean su "Del nacimiento a la palabra", para tratar de ver cómo, finalmente, se despierta la relación con el aullido. Hay un abismo entre esa relación con el aullido y el hecho de que al final, el ser humillado, el ser humus, el ser humano, el ser al que pueden ustedes llamar como quieran - se trata de ustedes, de ustedes y de mí-, que el ser humano llegue a poder decir algo. No sólo a poder decirlo sino incluso ese chancro que definí como siendo el lenguaje, porque no sé de que otro modo llamarlo, ese chancro que es el lenguaje, implica desde el inicio una especie de sensibilidad.

He visto muy bien niños muy pequeños, aunque mas no fuese a los míos. El hecho de que un niño diga quizá, todavía no, antes de que sea capaz de construir verdaderamente una frase, prueba que hay algo en él, una criba que se atraviesa, a través de la cual el agua del lenguaje llega a dejar algo tras su paso, algunos detritos con los que jugará, con los que le será muy necesario arreglárselas. Es eso lo que le deja toda esa actividad no reflexiva -los añicos a los cuales, más tarde, pues es un prematuro, se le agregarán los problemas de lo que lo espantará. Gracias a esto hará la coalescencia, por así decirlo, de esa realidad sexual y del lenguaje.
Permítanme proponer aquí algunas tímidas ecuaciones a propósito de lo que propuse como la significación del falo en mis Escritos , lo cual es una pésima traducción de Die Bedeutung des Phallus.

Es sorprendente que el psicoanálisis no haya brindado aquí el más mínimo estímulo a la psicología. Freud hizo todo lo posible para ello, pero, obviamente, los psicólogos son sordos. Esa cosa que sólo existe en el vocabulario de los psicólogos - una psique adherida como tal a un cuerpo. ¿Por qué diablos, cabe decirlo, por qué diablos el hombre sería doble? Que haya un cuerpo ya de por sí encubre suficientes misterios y Freud, facilitado por la biología, marcó bastante bien la diferenciación del soma y del germen. ¿Por qué diablos no limpiar de nuestra mente toda esa psicología defectuosa y no intentar deletrear lo tocante a la Bedeutung del falo? Debí traducirlo por significación (nota topsylac 3), al no poder dar un equivalente. Bedeutung es diferente de Sinn, del efecto de sentido, y designa la relación con lo real. ¿Por qué, desde que existe el psicoanálisis, las preguntas no fueron formuladas a este nivel? ¿Por qué ese supuesto ser, por que ese se goza apareció sobre eso que se llama la tierra? Nos imaginamos que es un astro privilegiado con el pretexto de que en ella existe el hombre y, en cierto modo, es verdad -con la única condición de que no haya otros mundos habitados.

¿No les pasa por la mente que esa "realidad sexual", como me expresaba recién, se especifica en el hombre por lo siguiente: que no hay, entre el hombre macho y hembra, ninguna relación Instintiva? ¿Que nada haga que todo hombre - para designar al hombre mediante lo que le va bastante bien, dado que se imagina naturalmente la idea del todo- que todo hombre no es apto para satisfacer a toda mujer? Lo que efectivamente parece ser la regla en lo que atañe a otros animales. Evidentemente, ellos no satisfacen a todas las hembras, sino que tan solo se trata de aptitudes. El hombre - pues se puede hablar de el hombre, precedido por el- es necesario que se contente con soñar con ello. Tiene que contentarse con sonar con ello porque es totalmente seguro que, no sólo no satisface a toda mujer, sino que La mujer - pido perdón por lo que sigue a los miembros quizá presentes aquí del MLF-, La mujer no existe. Hay mujeres, pero La mujer es un sueño del hombre.

No en balde sólo se satisface con una o, incluso, con varias mujeres. Esto se debe a que no siente ganas por las otras. ¿Por qué no tiene ganas de ellas? Porque ellas no consuenan, si me permiten la expresión, con su inconsciente.

No sólo no hay La mujer: La mujer se define por ser lo que etiqueté hace mucho tiempo y que les repito a ustedes: por el no toda. Esto llega más lejos aún y no surge de el hombre, contrariamente a lo que creen los miembros del MLF, sino de ellas mismas. Ellas mismas son no todas. A saber, que ellas no se prestan a la generalización. Incluso, lo digo ahora entre paréntesis, a la generalización falocéntrica.

No dije que la mujer es un objeto para el hombre. Muy por el contrario, dije que era algo con lo que nunca sabe arreglárselas. Jamás deja de meter la pata al abordar a cualquiera de ellas -o bien porque se engañó o bien porque era justamente esa la que le hacia falta. Pero jamás se percata de ello sino après-coup, retroactivamente.

Este es uno de los sentidos del après-coup, del que hablé en ciertas ocasiones, y cuyo relevo fue tan malo en el famoso y eterno Vocabulario de psicoanálisis por el cual Lagache echó a perder (nota 1 ****) el psicoanálisis entero. Bueno, finalmente, no está tan mal, no exageremos. Probablemente lo único que le interesaba era lagachear, echar a perder, lo que yo decía. Después de todo, ¿por qué no se lagachería, echaría a perder ?

No estoy absolutamente seguro de tener la razón en todo. No sólo no estoy seguro de ello, sino que tengo ciertamente la actitud freudiana. El próximo asunto que me hará revisar dado el caso todo mi sistema, no pido nada mejor que recogerlo. Todo lo que puedo decir es que sin duda gracias a mi pendejada, esto todavía no sucedió.

Ya está. Les dejaré ahora la palabra a ustedes.

Me sentiré contento, después de esta charla, de saber qué han obtenido de ella.

RESPUESTAS

J. L. - Para alentar a cualquiera que tenga una pregunta que formular, les diré que alguien que tenía que tomar un tren, no sé hacia dónde
- Hacia Lausana.
- ¿Sabe quién es?
- El Dr Bovet.
- Es un nombre que no me es desconocido. El Dr. Bovet me hizo una pregunta que encuentro muy buena como para hablar. ¿Hasta qué punto, me dijo, se toma usted en serio? No está para nada mal y espero que esto los aliente. Es el tipo de pregunta que me importa un bledo. Continuar hasta el punto de estar en el vigésima segundo año de mi enseñanza. implica que me tomo en serio. Si no respondí fue porque tenía que tomar un tren.
Pero de todos modos ya respondí a esta pregunta, implícitamente, identificando lo serio con la serie. Una serie matemática, ya sea convergente o divergente, es cosa que quiere decir algo. Lo que enuncio es totalmente de ese orden. Intento delimitar cada vez con mayor detalle, hacer una serie convergente. ¿Lo logro acaso? Naturalmente, cuando se está cautivo... Pero incluso una serie divergente tiene interés a su manera, ella también converge - esto para las personas que podrían tener alguna idea de las matemáticas. Puesto que se trata del Dr. Bovet, que se le transmita esta respuesta.

Dr. Cramer - Usted dijo, si lo seguí correctamente, que es la madre quien le habla al niño, pero también es necesario que el niño la escuche. Quisiera hacerle una pregunta de ese "también es necesario que el niño escuche"
- ¡Sí!

- ¿Qué hace que un niño pueda escuchar? ¿Qué hace que un niño sea receptivo a un orden simbólico que le enseña la madre o que le aporta la madre? ¿Acaso hay allí algo inmanente en el hombrecito?
- Me parece que estaba implicado en lo que dije. El ser que llamé humano es esencialmente un ser hablante.

- Y un ser que también debe poder escuchar.
- Pero escuchar forma parte de la palabra. Lo que evoqué en lo concerniente al quizás, al todavía no, se podrían citar otros ejemplos, prueba que la resonancia de la palabra es algo constitucional. Es evidente que está vinculado con la especificidad de mi experiencia. A partir del momento en que alguien está en análisis siempre prueba que escuchó. Que usted haga surgir la pregunta de que hay seres que nunca escuchan nada es sugestivo ciertamente, pero difícil de imaginar. Me dirá usted que hay gente que quizás sólo escucha los rumores, es decir, que todo a su alrededor charlotea.

- Pensaba en los autistas por ejemplo. Sería un caso en el que lo pasible de ser recibido no está situado y donde el escuchar no puede producirse.
- Como el nombre lo indica, los autistas se escuchan ellos mismos. Escuchan muchas cosas. Esto desemboca incluso normalmente en la alucinación y la alucinación siempre tiene un carácter más o menos vocal. Todos los autistas no escuchan voces, pero articulan muchas cosas y se trata de ver precisamente dónde escucharon lo que articulan. ¿Usted trata autistas?

- Sí.
- Entonces, ¿qué le parecen a usted los autistas?

- Precisamente, que no llegan a escucharnos, que permanecen arrinconados.
- Pero eso es algo muy diferente. No llegan a escuchar lo que usted tiene para decirles en tanto usted se ocupa de ellos.

- Pero también nos cuesta trabajo escucharlos. Su lenguaje sigue siendo algo cerrado
- Es muy precisamente lo que hace que no los escuchemos. El hecho de que ellos no nos escuchan. Pero finalmente sin duda hay algo para decirles.

- Mi pregunta apuntaba un poco más lejos. ¿Acaso lo simbólico - y aquí utilizaré un cortocircuito- eso se aprende? ¿Existe algo en nosotros desde el nacimiento que hace que estemos preparados para lo simbólico, para recibir precisamente el mensaje simbólico, para integrarlo?
- Todo lo que dije lo implicaba. Se trata de saber por qué hay algo en el autista o en el llamado esquizofrénico, que se congela, podría decirse. Pero usted no puede decir que no habla. Que usted tenga dificultad para escucharlo, para dar su alcance a lo que dicen, no impide que se trate, finalmente, de personajes más bien verbosos.

-¿Concibe usted al lenguaje como no solamente verbal, considera que hay un lenguaje no verbal? El lenguaje de los gestos por ejemplo.
- Es una pregunta que ya fue propuesta hace mucho tiempo por un tal Jousse, a saber, que el gesto precedería a la palabra. Creo que hay algo especifico en la palabra. La estructura verbal es cabalmente específica y tenemos un testimonio de ello en el hecho de que aquellos a los que se llama sordomudos son capaces de un tipo de gesto muy diferente al gesto expresivo en cuanto tal. El caso de los sordomudos es demostrativo del hecho de que hay una predisposición al lenguaje, incluso en aquellos que están afectados por dicha invalidez - la palabra invalidez me parece en este punto totalmente especifica. Tiene el discernimiento que puede tener algo significante como tal. El lenguaje con los dedos no se concibe sin una predisposición a adquirir el significante, cualquiera sea la invalidez corporal. No hablé para nada recién de la diferencia entre el significante y el signo.

O. Flournoy - Creo que al Sr. Auber le agradaría si usted eventualmente pudiese elaborar un poco la diferencia que acaba de mencionar.
- Esto nos lleva muy lejos, a la especificidad del significante. El tipo del signo debe encontrarse en el cielo de la manifestación que se puede, más o menos ajusto título calificar como exterior. Es no hay humo sin fuego. El signo es de inmediato captado del siguiente modo - si hay fuego alguien lo hizo. Aunque uno se percate después que la selva arde sin que haya un responsable. El signo se inclina siempre, rápidamente, hacia el sujeto y hacia el significante. El signo es inmediatamente captado como intencional. No es el significante. El significante es percibido de entrada como el significante.

- A lo largo de lo dicho usted pronunció algunas frases sobre la mujer que me resultaron muy bellas. Por ejemplo, "La mujer no existe, hay mujeres. La mujer es un sueño del hombre"
- Es un sueño porque no puede hacer nada mejor.

- O también: "La mujer es aquello con lo que el hombre nunca sabe arreglárselas." Parece que el título de su conferencia hablaba del síntoma y tuve la impresión de que finalmente la mujer es el síntoma del hombre.
- Lo dije con todas sus letras en mi seminario.

- ¿Puede decirse recíprocamente que el hombre es el síntoma de la mujer? ¿Quiere esto decir que para la niñita o para el varoncito el mensaje que la madre transmitirá, el mensaje simbólico, significante, será sobre lo mismo, dado que es la madre quien lo transmite, trátese de una niña o de un varón? ¿Hay una reciprocidad o una diferencia a la que no se escapa?
- Con toda seguridad hay una diferencia, que se debe al hecho de que las mujeres comprenden muy bien que el hombre es un bicho raro. Esto debe ser juzgado a nivel de las mujeres analistas. Las mujeres analistas son las mejores. Son mejores que el hombre analista.

- ¿Cuál es finalmente esa relación con el significante que parecer ser algo transexual, bisexual?


Sr. X. -¿Las mujeres son mejores analistas, ¿mejores en qué? ¿Mejores cómo?
- Está claro que son mucho más activas. No hay muchos analistas que hayan dado fe de que comprendían algo. Las mujeres avanzan. Basta con ver a Melanie Klein. Las mujeres se adentran y lo hacen con un sentimiento muy directo de qué es el bebé en el hombre. Para los hombres es necesario un duro quiebre.

Sr. X. - Los hombres también tienen ganas de tener un bebé.
- De tanto en tanto tienen ganas de dar a luz, es verdad. De tanto en tanto hay hombres que, por razones que siempre son muy precisas, se identifican con la madre. Tienen ganas no sólo de tener un bebé, sino de estar embarazados, esto sucede corrientemente. En mi experiencia analítica tengo cinco o seis casos así totalmente claros, que llegaron a formularlo.

Sr. Vauthier - ¿Como analista, tuvo usted la oportunidad de tratar en detalle pacientes psicosomáticos importantes? ¿Cuál es la posición del significante en relación a ellos?¿Cuál es su posición en relación al acceso a lo simbólico?  Se tiene la impresión de que no han alcanzado el registro simbólico, o que no se sabe cómo engancharlos a él. ¿Quisiera saber si en su modo de plantear el problema, usted tiene una fórmula que pueda aplicarse a este género de pacientes?

- Seguro que se trata de un dominio más que inexplorado. Finalmente, es de todos modos del orden de lo escrito. En muchos casos no sabemos leerlo. Tendría que decir aquí algo que introdujese la noción de escrito. Todo sucede como si algo estuviese escrito en el cuerpo, algo que nos es dado como un enigma. No es para nada sorprendente que tengamos como analistas esa sensación.

- ¿Pero, cómo hacerles hablar lo que está escrito? Hay ahí, me parece, un corte.
- Es totalmente cierto. Existe lo que los místicos llaman la firma de la cosas, lo que hay en las cosas que puede leerse. Signatura no quiere decir signum, ¿no es cierto? Hay algo para leer ante lo cual a menudo nadamos.

Sr. Nicolaïdis - ¿Acaso puede quizá decirse que el psicosomático se expresa con un lenguaje jeroglífico, mientras que el neurótico lo hace con un lenguaje alfabético?
- Pero eso es Vico.

- Uno siempre llega segundo.
- Obviamente uno siempre es segundo. Siempre hay alguien que ha dicho.

- Sin embargo, no habló de psicosomática.
- ¿Vico? Ciertamente no. Pero, en fin, tomemos las cosas por ese sesgo. Sí, el cuerpo considerado como marbete, como portando el nombre propio. Habría que tener de lo jeroglífico una idea un poco más elaborada que la que tenía Vico. Cuándo dice jeroglífico no parece tener –leí la Scienza nuova- ideas demasiado elaboradas para su época.

O. Flourney - Me gustaría que tomasen la palabra nuestras compañeras, Sra. Rossier Que el diálogo intersexual comience.

Sra. Rossier - Quería decir que cuando usted habló, evocando a los psicosomáticos, de algo escrito [d'écrit], yo entendí gritos [des cris], el grito [le cri] me pregunté si la inscripción en el cuerpo de los psicosomáticos no se parece más a un grito que a una palabra y que por eso nos cuesta tanto trabajo comprenderlo. Es un grito repetitivo, pero poco elaborado. Para nada pensaría en el jeroglífico que ya me parece demasiado complicado.
- Un enfermo psicosomático es más bien complicado y se asemeja más a un jeroglífico que a un grito.

O. Flourney - Y sin embargo un grito es endiabladamente difícil de traducir
- Eso es verdad.

Sr. Vauthier - Siempre se hace concordar un significante con un grito. Mientras que en el psicosomático uno querría efectivamente lograr que concordase con un significante.
- Freud habla del grito en un momento. Sería necesario que lo vuelva a encontrar, pero eso fue un fracaso total.

Sra. Y. - ¿La diferencia entre la palabra escrita y la palabra hablada? Usted parece pensar algo acerca de este tema.
- Es cierto que hay ahí una hiancia muy llamativa. ¿Cómo existe una ortografía? Es la cosa en el mundo que a uno lo deja más estupefacto y que además sea manifiestamente mediante el escrito como la palabra hace su brecha, por el escrito y únicamente por el escrito, el escrito de lo que se llama las cifras, porque no se quiere hablar de números. Hay algo ahí que es del orden de lo que recién se planteaba como pregunta - del orden de la inercia. El cuerpo en el significante hace rasgo y rasgo que es un Uno. Traduje el einziger Zug que Freud enuncia en su escrito sobre la identificación como rasgo unario, Alrededor del rasgo unario gira toda la cuestión de lo escrito. Al respecto, que el jeroglífico sea egipcio o chino da lo mismo. Siempre se trata de una configuración del rasgo. No en balde la numeración binaria sólo se escribe con 1 y 0. La cuestión debería juzgarse a nivel de ¿cuál es la suerte de goce que se encuentra en el psicosomático? Si evoqué una metáfora como la de lo congelado, es porque hay efectivamente esa especie de fijación. Tampoco Freud emplea en balde el término de Fixierung -es porque el cuerpo se deja llevar a escribir algo del orden del número.

Sr Vauthier - Hay algo paradójico. Cuando uno tiene la impresión de que la palabra goce recobra un sentido con un psicosomático, éste ya no es un psicosomático.
-Totalmente de acuerdo. Es por ese sesgo, por la revelación del goce especifico que hay en su fijación, como siempre debe tenderse a abordar al psicosomático. En esto podemos esperar que el inconsciente, la invención del inconsciente pueda servir para algo. Lo que esperamos es darle el sentido de aquello de lo que se trata. Lo psicosomático es algo que, de todos modos, está en su fundamento profundamente arraigado en lo imaginario.

Sr. Z. - Soll Ich werden, usted lo transcribió más o menos, como el trabajo de "él es pensado". Pienso en el discurso del obsesivo que piensa, que repiensa, que cogita, quien en todo caso también llega a "él es pensado". El “él es pensado"¿podemos comprenderlo como "dispensado", en el sentido en que el “dis" quiere decir de arriba hacia abajo, desmontar, desarticular y finalmente hacer caer la estatua? ¿Podemos hacer una conjunción entre el “dispensado" y el "él es pensado"?.
- Esto tiene la más estrecha relación con la obsesión. El obsesivo es muy esencialmente alguien que es piensa. El es piensa avaramente. El es piensa en circuito cerrado. El es piensa para sí mismo. Esta fórmula me fue inspirada por los obsesivos. Reconoció usted muy bien su afinidad con el obsesivo, pues yo no la dije.

Sra. Vergopoulo - Hay algo, en relación al tiempo, que me llamó la atención en el seminario. El concepto es el tiempo de la cosa. Usted dice que en el marco de la transferencia la palabra sólo tiene valor de palabra que no hay emoción ni proyección ni desplazamiento. ¿Debo decir que no entendí muy bien cuál es el sentido de la palabra en la transferencia?
- ¿A qué apunta como respuesta? ¿A la relación del concepto con el tiempo?

- A la relación entre la palabra antigua y la palabra actual. En la transferencia si la mira de la interpretación es acertada ello se debe a la coincidencia entre la palabra antigua y la palabra actual.
-Hace falta que de tanto en tanto me ejercite en algo tentativo. Que el concepto sea el tiempo es una idea hegeliana. Pero resulta que, en una cosa que está en mis Escritos, acerca de El tiempo lógico y el aserto de certidumbre anticipada subrayé la función de la prisa en la lógica, a saber, que uno no puede permanecer en suspenso porque hace falta en un momento concluir. Me esfuerzo allí en anudar el tiempo con la lógica misma. Distinguí tres tipos, pero está ya algo vetusto, lo escribí hace ya mucho tiempo, inmediatamente después de la guerra. Hasta cierto punto, se concluye siempre demasiado pronto. Pero ese demasiado pronto es la evitación de un demasiado tarde. Esto está relacionado totalmente con lo más recóndito de la lógica. La idea del todo, de el universal, ya está prefigurada de alguna suerte en el lenguaje. El rechazo de la universalidad es esbozado por Aristóteles y lo deja de lado, pues la universalidad es lo esencial de su pensamiento. Puedo proponer con cierta verosimilitud que el hecho de que Aristóteles lo deje de lado es el índice del carácter, a fin de cuentas, no necesitado de la lógica. El hecho es que sólo hay lógica en un ser vivo humano.

Sr. Meto - En su primera respuesta usted partió de la palabra serio y llegó a la noción de serie. Me llama mucho la atención como reaccionamos ante esa palabra serie, alineando una serie de enfermos, unos, tras otros. Tuvimos al autista, al obsesivo, al psicosomático y también la mujer. Esto me llevó a pensar en el hecho de que usted viniese a hablarnos y que nosotros hayamos venido a escucharlo. He aquí mi pregunta. ¿No piensa usted que entre transferencia y contratransferencia existe realmente una diferencia que se sitúa a nivel del poder?
- Es de todos modos sumamente demostrativo el hecho de que el poder jamás reposa sobre la fuerza pura y simple. El poder es siempre un poder vinculado con la palabra. Resulta que después de haber machacado ciertas cosas durante un tiempo muy largo, atraigo gente por mi charloteo que, evidentemente, no tendría ese poder si no estuviese seriado, si no convergiese en algún lado. Es de todos modos un poder de un tipo muy particular. No es un poder imperativo. Yo no le doy órdenes a nadie. Pero toda la política reposa en que todo el mundo está demasiado contento al tener alguien que le diga Hacia adelante, marchen - no importa hacia adonde además. El principio mismo de la idea de progreso es que se cree en el imperativo. Es lo más original que hay en la palabra e intenté esquematizarlo -lo encontrarán en un texto que se llama Radiofonía y que ya no recuerdo adonde lo di. Se trata de la estructura del discurso del amo. El discurso del amo se caracteriza por el hecho de que en determinado lugar, hay alguien que hace semblante de comandar. Ese carácter de semblante - "De un discurso que no fuera semblante" sirvió como título de uno de mis seminarios- es totalmente esencial. Que haya alguien que acepte encargarse de esa función del semblante y todo el mundo finalmente estará encantado. ¿Si alguien no hiciese semblante de comandar, dónde terminaríamos? Y mediante un verdadero consentimiento fundado en el saber de que hace falta que haya alguien que haga semblante, los que saben marchan igual que los demás. Lo que usted acaba de captar ahí a través de cierta manera de tomar distancia, es lo que usted evoca de una sombra de poder.

O. Flournoy - Todavía una pregunta en la serie que mencionó en Dr. Meto. Usted introdujo a propósito de la psicosis el término de forclusión, que es empleado sin que se sepa muy bien qué recubre. Me pregunté, al escucharlo, si en el psicótico lo que está forcluido es el goce. ¿Pero acaso se trata de un semblante de forclusión o de una verdadera forclusión? En otros términos, ¿el psicoanálisis puede o no llegar a un psicótico?
- Es una muy linda pregunta. Forclusión del Nombre-del-Padre. Esto nos lleva a otro piso, al piso dónde no sólo está el Nombre-del-Padre, sino también el Padre-del-Nombre. Quiero decir que el padre es aquel que nombra. Está muy bien evocado en el Génesis donde encontraremos toda esa payasada de Dios que le dice a Adán que dé un nombre a los animales. Todo sucede como si allí hubiese dos pisos. Se supone a Dios el saber qué nombres tienen, pues es él quien, supuestamente, los creó y luego todo sucede cual si Dios quisiese poner a prueba al hombre y ver si sabe imitarlo.
Hay al respecto historias en Joyce -Jacques Aubert debe saber muy bien a qué aludo, ¿no es cierto? Aquel que dirá primero gou a la gouse, dirá oua a la oua. Es manifiesto que en el texto el hombre está puesto en una posición grotesca. Yo, me sentiría bastante inclinado a creer que, contrariamente a lo que le resulta chocante a mucha gente, son más bien las mujeres las que inventaron el lenguaje. Por otra parte, el Génesis lo da a entender. Con la serpiente, ellas hablan - es decir, con el falo. Hablan todavía mucho más con el falo en la medida en que para ellas, entonces, es hetéro.
Aunque sea uno de mis sueños, se puede de todos modos formular la pregunta -¿cómo inventó eso una mujer? Puede decirse que está interesada en eso. Contrariamente a lo que se cree, el falocentrismo es la mejor garantía de la mujer. Sólo se trata de eso. La Virgen María con su pie sobre la cabeza de la serpiente, quiere decir que se sostiene en ella. Todo esto fue imaginado, pero de una manera casi sin aliento. Puede decirse sin la menor seriedad Pues hace falta alguien tan chiflado como Joyce para retomar eso.
El sabía muy bien que sus relaciones con las mujeres eran tan sólo su propia canción (Ver Ref.). Intentó situar al ser humano de un modo que sólo tiene un mérito, el de diferir de todo lo que fue enunciado sobre ello precedentemente. Pero, a fin de cuentas, todo eso es una forma de remachar, es síntoma.
Es aquello a lo que me siento más atraído, es decir, que es hablando estrictamente la dimensión humana. Por eso hablé de Joyce-el-sínthoma, de ese modo, de un solo rasgo.



NOTAS TRADUCTOR

(1) NOTAS
1. La transcripción de un momento de la conferencia falta aquí.
(*) Lacan juega con la similitud en francés entre dénuement (indigencia) y dénoument (desanudamiento o desenlace).
(**) El autor utiliza moterialisme, que condensa materialime (materialismo) con mot (palabra).
(***) Juego de palabras en base a la homofonía en francés entre saint homme (santo hombre) y sympôtme (síntoma).
(****) Juego de palabras en base a la homofonía y ortografía entre Lagache y là gâché. 

NOTAS TOPSY
(1.) Proponemos "santoma" por condensar la pronunciación del término en francés y la palabra misma en español diciendo además, el sentido que Lacan quiere dar al término. esta sugerencia la hace Ramiro Ramírez, psicoanalista colombiano al revisar mis traducciones del texto topología lacaniana: una presentación del sujeto.
(2) se refiere a :
- "Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse",  las Conferencias de introducción al psicoanálisis (1916-17 [1915-17]).
- "Neue Folge der Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse" "Nuevas conferencias de introducción al psicoanálisis (1933 [1932])
- 17ª conferencia. El sentido de los síntomas. Volumen 16 amorrortu editores.
-23ª conferencia. Los caminos de la formación de síntoma. Ídem.
(3) En OU PIRE... o peor, lacan respecto de este término bedeutung (denotación) del falo, dice:
"Die Bedeutung sin embargo estaba referido al uso, al uso que Frege hace de esta palabra para oponerla al término de Sinn, el que responde muy exactamente a lo que he creído tener que recordarles al nivel de mi enunciado de hoy, a saber el sentido, el sentido de una proposición. Se podría expresar de otro modo, y ustedes verán que no es incompatible, lo que respecta a la necesidad que conduce a este arte de producirla como necesidad de discurso. Se lo podría expresar de otro modo: ¿qué se necesita para que una palabra denote algo?. Tal es el sentido, pongan atención, menudas permutaciones comienzan, tal es el sentido que Frege da a Bedeutung: la denotación." Clase 4, 19 de enero de 1972.
y en La lógica del fantasma, seminario 14 dice: "La esencia de la castración es lo que, en esta otra relación de ocultación y de eclipse, se manifiesta en esto: que la diferencia sexual no se soporta más que de la Bedeutung de algo que falta bajo el aspecto del falo."
podemos concluir por el momento, con base en estas dos citas que el falo denota una ausencia y esa es su significación, quizá por esto es que en el seminario de la angustia dice: que la falta no falte. Pues es de la falta que la vida se soporta en la creación. Cuando la falta, esta ausencia (asumiendo que esta ausencia equivale a la falta) falta, se produce el síntoma que es como cuando un engranaje que circula, está atascado y chirrea entonces, insiste en hacerse saber, lo cual es ya el deseo por definición, ese insistir en la repetición que es el sintoma es la manifestación de lo que está atascado, del bloqueo naturalmente. Es de lo que goza (de manera mortífera) el sujeto, de la repetición de un atascado, de lo  que perturba en un sin fin que impide la vida generando en lo manifiesto, malestar y sufrimiento, pero en lo latente -por seguir los términos y el pensamiento freudiano-, goza.


                       continúará..... Disculpe. página en construcción.